DEVELOPPEMENTS DURABLES PUBLIE PAR L'INSTITUT INTERNATIONAL DU DEVELOPPEMENT DURABLE (IIDD) REDIGE ET EDITE PAR: Angela Churie Perter Doran Tiffany Prather Kira Schmidt Rédactrice en Chef: Kira Schmidt Directeur de la Publication: Langston James "Kimo" Goree VI Volume 13, Numéro 3 21 mars, 1998 LES FAITS MARQUANTS DE LA CONFERENCE INTERNATIONALE EAU ET DEVELOPPEMENT DURABLE 20 MARS 1998 Deuxième jour de la Conférence Internationale Eau et Développement Durable, les délégués devaient se retrouver dans les trois ateliers d'experts et l'atelier spécial organisé par l'International Network of Basin Organisations (INBO). Plus de quatre-vingts officiels de haut rang, dont le Président de la République Française, Jacques CHIRAC, devaient faire une adresse à la session ministérielle. Pour sa part, le Comité de Rédaction devait poursuivre son travail sur le texte de la déclaration ministérielle. LES ATELIERS D'EXPERTS Dans les trois ateliers d'experts, les délégués poursuivirent l'examen des études de cas et leurs délibérations autours du projet de recommandations. Les Présidents de chaque atelier devaient présenter un rapport de synthèse des discussions à la session ministérielle. LES RESSOURCES EN EAU ET LES UTILISATIONS: Les présentations devaient couvrir les sujets suivants: Les ressources en eau et la planification basée sur les écosystèmes aux Etats-Unis; la création d'un observatoire des bassins versants en la Pologne; l'approche intégrée dans l'inventaire des ressources en eau en Espagne; et, la mise en œuvre d'un système alternatif de gestion des eaux en Inde. Les délégués devaient dans leur débat autour du projet de recommandations parvenir à un large niveau de consensus. On s'accorda pour dire qu'une plus grande focalisation devait être accordée à l'approche basée sur le concept de bassin versant. On s'accorda également sur la nécessité de prêter d'avantage attention aux interactions entre les activités terrestres et les ressources en eau ainsi qu'à la prévision des catastrophes naturelles et aux systèmes de détection précoces. A la proposition d'ajouter un libellé notant le manque d'expertise en matière d'évaluation des ressources en eau en Afrique, plusieurs pays d'Amérique Latine devaient souligner que tous les pays en développement avaient besoin de mettre en place des systèmes d'informations. Les participants décidèrent en définitive de ne pas inclure de référence spécifique à l'Afrique. Les délégués s'accordèrent sur le fait que les programmes nationaux, régionaux et internationaux en la matière, nécessitaient un renforcement. La Commission Européenne mit en garde contre la réduction des recommandations concernant la facilitation de la coopération régionale et internationale visant à l'amélioration des connaissances à une simple liste de programmes préférés. Les participants se mirent d'accord sur l'inclusion d'un certain nombre d'exemples de bonnes pratiques. LE DEVELOPPEMENT INSTITUTIONNEL: Les délégués présentèrent des commentaires sur la version amendée du projet de recommandations de l'atelier. Dans le paragraphe encourageant les Etats riverains à coopérer dans le domaine des eaux trans-frontières, la Chine ajouta "en tenant compte des intérêts de tous les Etats riverains concernés." L'Egypte, appuyée par la Turquie, proposa une référence introductive portant sur le Programme de la Suite de la Mise en Œuvre du Plan d'Action 21 adopté à la SE/AGNU. L'Ethiopie nota que la SE/AGNU n'avait pas réalisé de consensus autour de la question. L'Egypte fit objection au libellé tiré du Groupe de Travail Intersessions de la CDD, arguant qu'il n'a pas été adopté. L'Ethiopie, soutenue par la Colombie, déclara que seules les références au Plan d'Action 21 et à la Déclaration de Rio étaient recevables. Dans le paragraphe concernant le développement des ressources humaines, le Mexique introduisit une référence aux engagements des pays développés. La Chine ajouta une référence à la promotion du transfert du savoir-faire et des technologies écologiquement rationnelles et à la coopération technique entre les pays en développement. Des exposés devaient être présentés sur: la privatisation du secteur de l'eau en Côte d'Ivoire; la politique nationale en matière d'eau au Liban; les effets des aménagements d'irrigation; la coopération entre l'ONG Wateraid et le gouvernement Tanzanien dans le domaine de la gestion de l'eau et de l'assainissement au niveau des communautés; la restructuration des services des eaux à Port-au-Prince; et l'aide fournie par les PNUE/Banque Mondiale aux pauvres pour l'accès à l'eau et services d'assainissements durables. LA GESTION ET LES RESSOURCES FINANCIERES: Les participants entendirent des présentations d'études de cas sur: le projet de gestion intégrée du Bassin versant de la Vallée du Fleuve Sénégal; l'implication des agriculteurs dans les politiques d'irrigation au Maroc; les perspectives de la FAO sur l'eau et la sécurité alimentaire; le model des concessions dans le domaine de l'eau à Aguascalientes, au Mexique; le développement durable et l'approvisionnement en eau à Casablanca; et, la planification stratégique en matière d'assainissement à Kumasi, au Ghana. Les délégués devaient, par ailleurs, poursuivre le débat autour du projet de recommandations. Le Liban souhaita la suppression des références aux consultations "régionales" et au fonds d'urgence, du paragraphe consacré à la capacité de réponse aux catastrophes naturelles. Concernant la proposition de la Colombie préconisant l'établissement d'un mécanisme de financement, le Président indiqua que le Comité d'Organisation s'était mis d'accord pour ne pas recommander la création d'un tel mécanisme et de compter sur les institutions disponibles. L'Egypte proposa de noter dans l'introduction que les stratégies de gestion durable des eaux doivent être guidées par le Chapitre 18 du Plan d'Action 21et par le Programme de la Suite de la Mise en Œuvre du Plan d'Action 21, plutôt que par les conclusions de la réunion de Harare. Le délégué des Etats-Unis ajouta les programmes visant à l'amélioration du statut des femmes et des pauvres et à accroître de manière significative leur participation dans les processus décisionnels. L'Australie ajouta la nécessité d'une approche stratégique intégrée et globale dans la gestion des eaux. Le FEM proposa d'ajouter un chapitre sur le développement de models et de mécanismes financiers appropriés. ATELIER SPECIAL DE L'INBO Dans l'atelier spécial de l'International Network of Bassin Organisations présidé par Manuel Aragones BELTRAN, des exposés furent présentés, entre autres, sur: l'expérience française avec les agences chargées des bassins versants; le financement des organisations opérant dans les bassins versants; la participation des usagers dans les décisions des autorités locales; la participation de la société civile dans la gestion des fleuves internationaux; et, les conclusions de la Conférence de Bonn sur la gestion des fleuves internationaux. Les participants appelèrent à une facilitation internationale du dialogue entre les concernés et les groupes d'intérêt. SESSION MINISTERIELLE La session Ministérielle commença par une allocution donnée par Federico MAYOR, Directeur Général de l'UNESCO, qui indiqua en substance que depuis son démarrage, l'UNESCO a inclus la gestion des ressources en eau dans ses programmes. Faisant observer que jusque là, la gestion de ces ressources n'était pas en harmonie avec le développement durable, il nota l'émergence progressive d'une gestion intégrée des ressources en eau inscrite dans le cadre de l'approche globale nécessaire pour l'avenir. Jacques CHIRAC, Président de la République Française, parla de la dégradation des fleuves et des lacs, de la désertification, des maladies liées à l'eau, du manque d'accès à l'eau potable saine et à l'assainissement et des conflits autours de l'eau comme autant de problèmes sérieux auxquels l'humanité se trouve confrontée, en soulignant qu'il était temps d'agir en vue de leur traitement. Il appela au pragmatisme, à l'établissement de calendriers et de dates butoirs, et à la mise à terme du gaspillage. Il affirma que les appels à la coopération internationale n'entamaient en rien la souveraineté nationale mais qu'ils visaient la gestion conjointe du patrimoine commun. Il proposa l'établissement, sous l'égide d'une institution existante, d'une académie internationale des eaux à travers laquelle, l'ensemble des concernés pourraient échanger leurs expériences en matière de gestion. Il appela, enfin, à la volonté politique nécessaire à la mise en application et au suivi du plan d'action de la conférence. Dans les déclarations ministérielles qui devaient suivre, plusieurs délégués mirent en exergue les expériences nationales et les efforts visant à traiter le problème de l'eau, tels que: les plans de contrôle des inondations (Bangladesh); les développements législatifs pour la coordination des utilisations de l'eau et la maîtrise des effets de l'évolution climatique (Côte d'Ivoire); le programme de création de points d'eau dans les villages et de participation des villageois dans leur gestion (Gabon); l'utilisation de l'irrigation pour la satisfaction de la demande nationale en matière de céréales (Inde); les efforts à longs termes visant à faire face problème de la rareté de l'eau (Maroc); et, l'utilisation des eaux recyclées dans l'irrigation (Jordanie). Un certain nombre d'intervenant dont les représentants de la Bolivie, de la Suède, de l'Australie, de la Commission Française du Développement Durable et de la Convention sur la Diversité Biologique (CDB), devaient réitérer la nécessité d'approches intégrées de gestion des ressources en eau. Plusieurs pays mirent l'accent sur l'aspect économique de l'eau. La Belgique et Haïti soulignèrent le besoin de considérer non seulement l'aspect économique mais également l'aspect social de la protection des ressources en eau. L'Australie recommanda d'améliorer les instruments économiques pour assurer une gestion efficace. L'Italie mit en relief la nécessité de mettre en place des systèmes de tarification adéquats. La Grèce déclara que les coûts doivent être payés par les utilisateurs en tenant compte des forces et des faiblesses des différents groupes. L'organisation Ingénieurs sans Frontières déclara que les coûts de la maintenance doivent être supportés par les consommateurs sur la base du principe utilisateurs/payeurs. L'Association Internationale des Distributeurs d'Eau déclara que les populations sont en générale prêtes à payer le prix juste des services de qualité si elles sont adéquatement informées et impliquées dans les prises de décision. Le Mexique déclara que les prix doivent être rationalisés en fonction des critères environnementaux et sociaux. Plusieurs orateurs devaient mettre en relief la nécessité de renforcer la coopération internationale. L'Indonésie appela à la solidarité dans la confrontation des problèmes d'inégalité au niveau de l'accès aux ressources en eau. La Compagnie Générale des Eaux appela les gouvernements à instaurer un environnement favorable au renforcement de la coopération. La Belgique, le Ghana et la Grèce soulignèrent l'importance de la coopération régionale dans la gestion conjointe des ressources hydrologiques. Le Burkina Faso souligna l'importance de la mise en application de la récente Déclaration d'Ouagadougou sur la gestion des ressources en eau qui appelle à des engagements pour: la mise en œuvre de plans nationaux de gestion intégrée; l'instauration de cadres de coopération régionale; la mise en place de cadres pour le dialogue entre Etats riverains; et la mobilisation des ressources financières. Le délégués des Etats- Unis déclara que les solutions des problèmes des ressources en eau doivent être cherchées aux niveaux locaux et nationaux; La Norvège indiqua que l'approche active est fondamentale pour la prévention et la résolution des conflits dans les zones trans- frontières des lignes de partages des eaux. De nombreux intervenants devaient aborder les questions financières en rapport avec la gestion des eaux. La Chine, le Bénin et la Hongrie appelèrent les pays industrialisés à fournir des ressources financières nouvelles et supplémentaires et à procéder au transfert des techniques au profit des pays en développement. L'UNED-UK déclara que les investissements financiers dans la gestion des ressources en eau doivent être doublés si l'on veut réaliser les recommandations du programme d'action prioritaires, et appela la CDD à renforcer les capacités en matière de suivi des niveaux d'engagement financier. La Colombie et la Bolivie appelèrent à l'établissement d'un mécanisme de financement pour garantir au pays en développement les fonds nécessaires à la mise en place de la gestion et de l'utilisation durables des eaux. Le délégué des Etats-Unis affirma qu'un nouveau mécanisme de financement n'était pas nécessaire et qu'il risquait de détourner l'attention des vrais besoins du secteur de l'eau vers de nouvelles considérations bureaucratiques. L'orateur mit en exergue les efforts bilatéraux et la poursuite des contributions aux institutions de financement existantes. La Communauté Européenne plaida pour une coopération accrue entre donateurs et pour une utilisation plus efficace des ressources disponibles. Le Barefoot College appela à un code de conduite mondial pour les bailleurs de fonds internationaux. Le WWF mit en garde contre l'exagération de l'aspect financier du débat sur l'eau. MEED nota que les pratiques de gestion inadéquate étaient dues à la mauvaise conception des projets plutôt qu'à l'insuffisance des ressources financières. L'International Water Secretariat appela à la promotion d'outils financiers novateurs destinés au renforcement des capacités et permettant l'égalité des chances aux femmes. Le Danemark déclara que les considérations d'équité doivent être incluses pour équilibrer les schémas financiers proposés. Le Brésil nota que les considérations d'équité ne pouvaient pas être traitées dans un contexte soumis à la loi du marché et déclara que l'aide internationale devait être au service de l'action national. L'Iran nota les promesses non tenues des conférences régionales et internationales passées, notamment celles concernant les finances, les techniques et le renforcement des capacités. L'Australie appela à la facilitation des contributions du secteur privé. Le Luxembourg appela la communauté internationale à dégager de nouvelles ressources financières publiques et privées. Le Burundi, la Colombie, le Ghana et d'autres appelèrent à l'amélioration de la coordination des efforts de financement de la gestion des eaux. L'Organisation Mondiale de la Santé appela à l'accroissement des investissements dans l'amélioration des conditions sanitaires. La République de Corée souligna le rôle du transfert des techniques, notamment celles relevant du domaine public, dans la préservation de la base des ressources en eau des pays en développement. IFOAM-Méditerranée affirma que des technologies "élitistes" très peu adaptées aux besoins des pays en développement continuent à être fourni dans le cadre de l'assistance au tiers monde. Plusieurs intervenants dont, l'Algérie, la Norvège L'Egypte, Haïti, le Mexique, le Liban, L'Alliance Machreb-Machrek pour l'Eau et l'UNICEF, soulignèrent l'importance de l'implication des concernés dans la gestion de l'eau. La participation de groupes particuliers fut mise en relief: les collectivités territoriales et les agriculteurs (République de Corée); les communautés locales (Irlande et Barefoot College); les femmes (Suède, Danemark, Etats-Unis et Mexique); et les pauvres (Suède et Danemark). Plusieurs pays, dont la Suède, le Canada et l'Egypte, devaient souligner l'importance des partenariats pour la réalisation de la gestion durable des ressources en eau. La Suez-Lyonnaise des Eaux et la Compagnie Générale des Eaux soulignèrent l'importance des partenariats entre les secteurs public et privé dans l'approvisionnement. La République de Corée, l'Association des Collectivités Locales et Municipales et la Fédération Mondiale des Villes appelèrent à des partenariats avec les collectivités locales. La Compagnie Générale des Eaux déclara que l'implication de l'industrie ne peut être considérée qu'en étroite collaboration avec les autorités publiques. L'organisation Wateraid déclara que le problème de l'eau est d'ordre politique plutôt que technique et qu'il est lié à celui de la pauvreté, et exhorta les gouvernements à renforcer les partenariats avec la société civile pour le traitement des besoins des populations pauvres. L'importance du renforcement des capacités et de l'information concernant les ressources en eau fut également mise en relief. Le Luxembourg appela la communauté internationale à soutenir le renforcement des capacités scientifiques et techniques. Le Mexique appela à une coordination accrue des systèmes d'information et, avec le Chili, au renforcement des capacités institutionnelles en matière de formation. L'Académie de l'Eau appela à des projets pilote de gestion durable des ressources en eau pour permettre la diffusion des bonnes pratiques. L'Organisation Météorologique Mondiale appela à inverser la détérioration du réseau des connaissances hydrologiques. L'Italie souligna la nécessité d'établir une base de donnée précise sur les ressources en eau. La Finlande appuya les efforts visant à l'amélioration des connaissances et des capacités de suivi et d'évaluation. Le Centre Régionale de l'Eau Potable (CREPA) nota l'importance de l'implication du public et de l'accès à l'information sur la gestion et le développement des ressources en eau. L'Irlande appela à un engagement accru en faveur de l'amélioration des connaissances concernant les ressources en eau et de l'évaluation précise des activités susceptibles de menacer l'approvisionnement. L'Iran appela à des objectifs clairement définis et à des indicateurs de performances. ENDA Tiers Monde, Barefoot College et la CDB appelèrent à la reconnaissance et à l'utilisation du savoir traditionnel et des pratiques locales. Le Liban , l'Egypte et l'Italie appuyèrent la proposition du Président CHIRAC d'établir une académie internationale de l'eau. A SUIVRE AUJOURD'HUI SESSION MINISTERIELLE: La Session Ministérielle se poursuivra de 9h00 à 13h30 dans la Salle I. Sustainable Developments est une publication de l'Institut International du Développement Durable (IIDD) info@iisd.ca , diffuseur du Bulletin des Négociations de la Terre ©. Cette parution a été rédigée et éditée par Angela Churie CHURIE@ce.kth.se , Perter Doran pfdoran@ecology.u-net.com , Tiffany Prather tprather@iisd.org et Kira Schmidt kiras@iisd.org . Rédactrice en Chef: Kira Schmidt kiras@iisd.org . Directeur de la Publication: Langston James "Kimo" Goree VI kimo@iisd.org . Version Française: Mongi Gadhoum mongi.gadhoum@enb.intl.tn. Le financement de la couverture de cette réunion est assuré par le Ministère Français de la Coopération et du Développement à travers l'ACCT/IEPF et par l'Agence Suédoise du Développement International (SIDA) à travers le Global Water Partnership. Les auteurs peuvent être contactés à leurs adresses électroniques et postales et par tel au:+1-212-644-0204 ou fax: +1-212-644-0206. 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