LA CONSERVATION DES FORÊTS

LA CONSERVATION DES FORÊTS, L'ACCROISSEMENT DE LA COUVERTURE FORESTIÈRE ET LE RÔLE DES FORÊTS DANS LA SATISFACTION DES BESOINS HUMAINS ESSENTIELS

1. INTRODUCTION

À la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (CNUED), tenue en juin 1992, on a souligné que tous les pays se devaient de développer des approches semblables tant qu'à la gestion, la conservation et le développement durable des forêts du globe sont indispensables pour répondre aux besoins socio-économiques et environnementaux des générations actuelles et futures. Les participants de la CNUED ont aussi reconnu, entre autres, qu'il fallait pour cela maintenir les rôles et fonctions multiples de tous les types de forêts ainsi qu'améliorer la conservation et la gestion des forêts et accroître le couvert forestier mondial, comme l'indiquent les programmes A et B du chapitre 11 d'Action 21. De plus, le chapitre 15 d'Action 21 met l'accent sur le besoin d'assurer la conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique.

Bien que tous ces besoins soient maintenant reconnus, il faut avant tout mettre en oeuvre les programmes adoptés à la CNUED, tout en se rappelant que l'implantation de l'énoncé des Principes forestiers et des programmes forestiers variés ne sont réalisables qu'avec un effort international vers l'atteinte de buts concrets. Le présent document a pour objet de susciter la discussion sur la mise en oeuvre de certains volets de ces programmes, notamment la conservation des forêts, l'accroissement du couvert forestier et les fonctions des forêts, et sur les domaines propices à une collaboration nationale et internationale.

2. CONSERVATION DES FORÊTS

Les forêts sont influencées par le climat, les formes de terrain et la composition du sol qui existent sous une grande variété de formes dans les zones tropicales, tempérées et boréales du monde. Elles peuvent se composer de résineux ou de feuillus, leur feuillage peut être persistant ou caduc, leur couvert peut être ouvert ou fermé et elles peuvent être humides ou sèches. Chacun des types de forêts est unique en son genre, mais ensemble ils se complètent et remplissent des fonctions socio- économiques, écologiques, environnementales, culturelles et spirituelles.

Selon des études récentes effectuées à l'échelle de la planète, il y aurait environ 1,4 million d'espèces connues. De l'avis général, cependant, ce chiffre se situe au-dessous de la réalité : de 5 à 50 millions d'espèces existeraient dans les écosystèmes naturels des forêts, des savanes, des pâturages, des déserts, des toundras, des lacs et des mers. Les terres cultivées et les jardins sont aussi d'importants dépôts de ressources biologiques.

Dans cette perspective, il est reconnu que les forêts sont riches en ressources biologiques. Bien qu'elles ne couvrent que 13,4 % des terres du globe, ces forêts abritent la moitié des vertébrés, 60 % des espèces végétales connues et peut-être 90 % des espèces du globe. Toutefois, des études récentes indiquent que les forêts tempérées et boréales, qui ont des écosystèmes extrêmement variés, particulièrement dans les zones climatiques et géographiques où subsistent de vieilles forêts, peuvent présenter une diversité supérieure à celle des forêts tropicales à l'intérieur de certaines espèces. Bien que les forêts tempérées et boréales comprennent généralement beaucoup moins d'espèces d'arbres que les forêts tropicales, souvent le dixième ou moins, on estime maintenant que certaines d'entre elles sont aussi diversifiées, sinon plus, que les forêts tropicales. Par exemple, la litière végétale des vieilles forêts de l'Oregon, aux États-Unis, abrite près de 250 espèces différentes d'arthropodes par mètre carré; dans la seule aire de recherche de la H.J. Andrews Memorial Forest, 90 genres ont été recensés (Lattin, 1990). Il a été proposé que l'objectif minimal acceptable soit un réseau de 500 zones protégées et gérées, de 200 000 hectares en moyenne, qui abriterait 10 % des vieilles forêts et des forêts primaires restantes (Anon., 1991 et UICN/PNUE/FMN, 1991).

Pour favoriser ce réseautage et optimiser la représentativité globale de ces zones biogéographiques aux fins de la conservation de la diversité biologique, il faudrait dresser une liste des zones en question, dont conviendraient les gouvernements nationaux. Il faudrait aussi définir ces zones biogéographiques et mettre au point des mécanismes conjoints, ainsi que quantifier les coûts et déterminer les sources de fonds nécessaires pour gérer et conserver les zones. Il y aurait également lieu d'instaurer des mécanismes conjoints de coopération internationale visant l'établissement de zones biogéographiques transnationales.

Par ailleurs, il a été reconnu que les aires entièrement protégées ne peuvent jamais être suffisamment vastes pour assurer la conservation de tous les processus écologiques et de toutes les espèces. Il est cependant nécessaire de fixer, au niveau national, un objectif minimum acceptable pour les zones de conservation des forêts pour chaque pays. On pourrait aller plus loin en constituant des zones tampons de forêts naturelles autour de l'aire protégée; une zone tampon intérieure servirait à la recherche fondamentale et appliquée, à la surveillance environnementale, à l'utilisation traditionnelle du territoire, aux loisirs et au tourisme ou à l'éducation et à la formation en matière d'environnement, et une zone tampon extérieure servirait à appliquer les résultats de la recherche en vue de satisfaire aux besoins des populations locales. Ces pratiques de gestion s'inscrivent dans le droit fil du point 8e) des Principes sur les forêts.

Mise à part la nécessité de réserver des aires de conservation, on reconnaît maintenant de plus en plus que la production durable de bois par des méthodes de coupe sélective est l'un des moyens les plus efficaces d'assurer la conservation in situ de la diversité biologique des écosystèmes forestiers. Ainsi gérées, les forêts conservent la plus grande partie de la diversité des vieilles forêts et des forêts primaires en ce qui concerne tant le nombre d'espèces que leur population. La valeur économique du bois et les bienfaits environnementaux qui en résultent justifient amplement les investissements faits pour conserver le couvert forestier. L'adoption de méthodes de coupe sélective pour tous les types de forêts favoriserait grandement la conservation in situ de la diversité biologique et l'utilisation durable des ressources forestières. À cet égard, la plantation d'arbres aurait pour effet d'atténuer les pressions menant à la surexploitation des forêts naturelles et attribuables à la demande croissante de bois.

La production durable de biens et de services forestiers et la conservation de la diversité biologique des écosystèmes forestiers, de même que le partage équitable des avantages de l'utilisation des ressources génétiques, exigent une action concrète à l'échelle nationale comme internationale. Il est donc indispensable que des politiques et des stratégies nationales, entre autres, visent à consacrer une superficie forestière optimale à la conservation ainsi qu'à la production durable de biens et de services et indiquent les mesures propices à la conservation des forêts ex situ et in situ pendant la coupe. Dans certains cas, les mesures à long terme peuvent comprendre le rétablissement et la recréation des vieilles forêts et des forêts primaires.

Dans cette optique, il est essentiel, pour la gestion durable, la conservation et l'exploitation de leurs ressources forestières, que les pays ayant un pourcentage élevé de ces espaces de terres couverts de forêts, surtout les pays en développement, aient accès à «des ressources financières nouvelles et supplémentaires» et au «transfert [de] techniques écologiquement rationnelles et [du] savoir-faire correspondant [...] y compris à des conditions concessionnelles et préférentielles», d'après les points 10 et 11, respectivement, des Principes sur les forêts. En outre, «le commerce des produits forestiers devrait se fonder sur des règles et procédures non discriminatoires et multilatéralement acceptées, compatibles avec le droit et les pratiques commerciales internationales» et «il faudrait éliminer ou éviter les mesures unilatérales, incompatibles avec les obligations internationales ou accords internationaux, qui visent à restreindre et/ou à bannir le commerce international du bois d'oeuvre et d'autres produits forestiers», comme le préconisent les points 13a) et 14, respectivement, des Principes sur les forêts. La communauté internationale doit respecter ces principes pour réaliser la conservation et la gestion durables des forêts à long terme.

3. ACCROISSEMENT DU COUVERT FORESTIER

L'accroissement du couvert forestier doit être considéré comme une mesure proactive à prendre pour freiner et renverser la tendance actuelle au recul et à la dégradation des forêts. Les forêts mondiales sont en péril et connaissent un déclin. On évalue qu'au début du XVIIIe siècle, les forêts couvraient les quatre cinquièmes du territoire actuel. Environ la moitié se trouvaient dans des régions tropicales et l'autre moitié, dans des régions boréales et tempérées. Au milieu du XIXe siècle, le couvert forestier mondial était passé à 3,9 milliards d'hectares, soit 30 % de la zone continentale de la planète, à cause du déboisement. D'après les dernières données fournies par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture dans son évaluation des ressources forestières de 1990, le couvert forestier mondial était passé à la fin de 1990 à 3,188 milliards d'hectares, soit environ 24,4 % de la zone continentale. Les processus de réduction et de dégradation des couvertures forestières ont apporté une perte annuel d'environ 0.6 pourcent.

Bien que le recul annuel des forêts tempérées et boréales soit considéré comme négligeable à notre époque, il y a eu déboisement sur une vaste échelle en Europe, au cours de la Révolution industrielle, pour répondre aux besoins en terres agricoles, en matériaux de construction et en développement industriel (Hinde, 1985). On estime en fait la superficie des forêts disparues à près de 200 millions d'hectares, ou 50 % de la zone forestière initiale (ONU, 1991).

Par ailleurs, le déboisement dans le tiers monde est un phénomène relativement nouveau attribuable à la pauvreté, à l'endettement et aux besoins croissants d'une population grossissante en nourriture, en abris et en énergie. À cet égard, les quatre grandes causes du déboisement dans les pays en développement sont l'agriculture itinérante, la transformation des terrains boisés en terres cultivées et en pâturages, la coupe d'arbres pour le chauffage ainsi que la mauvaise utilisation du bois et le besoin de développer les infrastructures. Ainsi, sur 1,54 million d'hectares de forêts denses déboisées entre 1981 et 1990 en Afrique, 39,5 % sont disparus à cause des jachères et de l'agriculture itinérante, 35,1 % par suite de la transformation en terres cultivées pour la plupart de façon permanente, et le reste (25,4 %) en raison de la surexploitation et du surpâturage (FAO, 1993a). Cependant, à la suite d'un meilleur développement socio-économique en Afrique, le taux de déboisement attribuable aux jachères et à l'agriculture itinérante a en fait diminué de 27,2 % par rapport au taux de la période 1976-1980, qui était de 66,7 % (ONU, 1991).

Outre le recul dû au déboisement, nous assistons à une dégradation générale de la qualité et de la santé des forêts mondiales en raison des pluies acides et d'autres polluants atmosphériques, en particulier dans les pays industrialisés, et en raison des incendies et des pratiques dommageables d'abattage et d'exploitation du bois de chauffage.

La diminution et la dégradation des forêts du globe sont des motifs d'inquiétude, car, outre qu'elles impliquent la perte de zones forestières, elles influent en définitive sur la qualité des forêts. Si on n'enraye pas cette tendance, les répercussions seront catastrophiques pour la planète. Non seulement l'existence de tous les types de forêts sera menacé, mais leur capacité de remplir à perpétuité leurs diverses fonctions sera gravement compromise. D'où la nécessité de s'attaquer dès maintenant au déclin et à la dégradation des zones forestières de la planète par l'accroissement du couvert forestier.

À la lumière de ces faits, le couvert forestier mondial actuel de 24,4 % est-il suffisant? Dans la négative, quel pourcentage devons-nous viser pour assurer la gestion durable des ressources et des aires forestières de façon à répondre aux besoins des générations actuelles et futures?

Les participants à la Conférence ministérielle sur la pollution atmosphérique et le changement climatique tenue aux Pays-Bas en novembre 1989 ont adopté la Déclaration de Noordwijk sur la pollution atmosphérique et le changement climatique, dans laquelle ils préconisent un accroissement net mondial de 12 millions d'hectares de forêts par an avant la fin du siècle. De leur côté, les participants à la deuxième conférence ministérielle des pays en développement sur l'environnement et le développement tenue en Malaysia en avril 1992 ont proposé un couvert forestier mondial de 30 % pour l'an 2000.

Tout porte à croire que le couvert forestier mondial devrait être accru dans le monde entier. Il est peu probable qu'on recrée presque intégralement le couvert forestier antérieur des pays industrialisés, mais cela ne signifie pas qu'un reboisement et un boisement appréciables sont impossibles. Tous les pays qui tentent de s'assurer un avenir où l'environnement sera sain devraient viser un couvert forestier minimal à maintenir à perpétuité. On devrait encourager les pays dont le couvert forestier représente plus de 30 % de leur zone terrestre compte tenu de leurs besoins en développement socio-économique, et particulièrement les pays en développement, à accroître la qualité de leurs forêts et on devrait les aider à réduire leur dépendance à l'égard du bois, surtout comme combustible. D'autre part, les pays dont le couvert forestier représente moins de 30 % de leur zone terrestre mais qui ont les moyens voulus doivent accroître et améliorer leurs forêts par des mesures de remise en état et de boisement, ce qui peut inclure dans certains cas le rétablissement de la forêt sur des terres où l'agriculture est fortement subventionnée. Les pays riches où les conditions physiques et climatiques associées à la situation géographique restreignent la croissance des arbres pourraient aider les pays plus pauvres à accroître leur couvert forestier.

Puisque l'avenir des forêts dépend non seulement de leur quantité mais aussi de leur qualité, il importe que toutes, et particulièrement les forêts tempérées et boréales des pays industrialisés, soient protégées contre les polluants atmosphériques, notamment contre les dépôts acides, qui nuisent à la santé des écosystèmes forestiers. De plus, on devrait prendre des mesures convenables de protection contre les incendies.

4. FONCTIONS DES FORÊTS

Une forêt bien gérée est une ressource qui se renouvelle continuellement et procure tout un éventail de bienfaits aux populations locales, régionales et mondiales. Certains de ces bienfaits ne peuvent se concrétiser que si la forêt est laissée intacte ou subit un minimum de perturbations tandis que d'autres passent par l'exploitation de la forêt. Parmi les fonctions les plus importantes des forêts, on compte la fabrication durable de produits du bois, la production de nourriture, d'abris et d'énergie, l'atténuation des changements climatiques, la conservation de l'eau et du sol ainsi que les loisirs et l'écotourisme. Les forêts sont également d'importants dépositaires de la diversité biologique.

En outre, le bois joue un grand rôle économique. Ainsi, en 1990, la production mondiale de bois industriel était d'environ 1,6 milliard de mètres cubes, dont quelque 75 % provenaient des pays industrialisés, et le commerce international du bois, des produits ligneux et des pâtes et papiers représentait 96 milliards de dollars US par an, dont environ 12,5 milliards attribuables aux produits exportés des pays en développement (FAO, 1993b). Par ailleurs, le bois de chauffage représente actuellement à peu près 85 % du bois utilisé dans les pays en développement et plus de 75 % de l'énergie totale consommée dans les pays les plus pauvres, et plus de deux milliards de personnes utilisent le bois comme combustible principal (ONU, 1991).

Au cours des dernières années, on a mis en lumière l'importance des produits forestiers non ligneux, tels que les plantes utilisées à des fins alimentaires et médicinales, pour les fibres, les colorants, le fourrage et les autres nécessités. L'Indonésie, par exemple, tire environ 120 millions de dollars US par an du commerce du rotin, de la résine, du santal, du miel, de la soie naturelle et de produits pharmaceutiques et cosmétiques (FAO, 1990), tandis qu'en Inde la production locale de la bidi, cigarette faite à partir de la feuille de Diospyros melanoxylon, procure du travail à temps partiel à un demi-million de femmes (FAO, 1993b). On évalue à plus de 200 millions le nombre d'habitants des régions tropicales qui vivent dans la forêt (FAO, 1993b); dans certaines parties de l'Afrique, 70 % des protéines animales proviennent du gibier de la forêt, comme les oiseaux et les rongeurs (FAO, 1990).

Les forêts ont une valeur économique en ce qui a trait aux crues et à la conservation des sols : elles permettent l'agriculture et même le développement industriel dans des plaines inondables parce qu'elles contribuent à atténuer les effets des inondations et à réduire l'érosion des sols, tout spécialement dans les régions montagneuses et vallonnées. En fait, une forêt bien gérée fournit des biens et des services propres à satisfaire aux besoins humains fondamentaux, énoncés à l'annexe I.

5. RECOMMANDATIONS

5.1 Conservation des forêts

a) Pour accroître les efforts touchant la conservation des forêts et la gestion durable des ressources forestières, il est indispensable d'assurer la participation des populations locales et de veiller à ce que toutes les politiques et stratégies nationales indiquent les zones forestières mises en réserve pour la conservation ainsi que pour la production durable de biens et de services forestiers. Dans ce contexte, les pays en développement doivent avoir accès à des ressources financières nouvelles et supplémentaires et au transfert de technologies écologiques.

b) Pour favoriser davantage la conservation et la gestion durables des forêts, il faut faire en sorte que les prix du bois et des produits ligneux sur le marché reflètent entièrement leur coût de remplacement et leur coût environnemental, que le commerce des produits forestiers se fasse de façon non discriminatoire et que soient abolies ou évitées les mesures unilatérales visant à restreindre et/ou à interdire ce commerce. De plus, les dépenses nécessaires pour l'aménagement forestier durable, avec la reforestation doit être inclues dans le coût de productions multiples obtenues des ressources forestières.

c) Il y a lieu d'établir un réseau mondial d'aires protégées bien gérées et financées convenablement. À cet égard, il convient de dresser une liste de zones biogéographiques, dont conviendraient les gouvernements nationaux, pour assurer la représentativité des aires de conservation des forêts à l'échelle mondiale.

d) Afin d'assurer le partage des avantages et des profits selon des modalités convenues, notamment le partage des produits de la biotechnologie dérivés de l'utilisation de la diversité biologique, il y a lieu d'élaborer des méthodes permettant d'évaluer les ressources biologiques des forêts aux niveaux des gènes, des espèces et des écosystèmes, y compris des techniques pour attribuer des valeurs économiques à ces ressources.

e) À la lumière de l'entente conclue à la CNUED et conformément à la Convention sur la diversité biologique, il y a lieu de soumettre à un examen critique les méthodes actuelles d'exploitation forestière pour assurer la bonne conservation in situ de la diversité biologique pendant les périodes d'utilisation des forêts. Les pays devraient tenter d'identifier des écosystèmes forestiers ou même des paysages qui sont en danger, ainsi que les causes afin de permettre une réaction rapide pour y remédier.

5.2 Accroissement du couvert forestier

a) Le maintien et l'accroissement du couvert forestier, le reboisement ou le boisement comporteront des coûts liés soit à la renonciation à d'autres possibilités d'utilisation, soit à la perte d'avantages tirés d'utilisations existantes des terres. Les politiques doivent tenir compte de ces coûts. Les droits légitimes qu'ont les pays à l'égard de leurs ressources naturelles doivent être respectés. On doit trouver une formule équitable permettant de dédommager suffisamment les pays qui prennent des mesures pour assurer la gestion durable de leurs forêts et améliorer ainsi l'environnement de la planète.

b) Chaque pays doit s'efforcer d'accroître son couvert forestier dans un délai bien précis, et des mesures doivent être prises pour établir et réaliser des programmes d'action nationaux en matière de foresterie ou des plans de gestion, de conservation et de développement durable des forêts, conformément à l'alinéa 11.12b) du chapitre 11 d'Action 21. Les pays dont le couvert forestier représente moins de 30 % de leur zone terrestre mais qui ont les moyens voulus doivent déployer des efforts concertés pour accroître leur couvert forestier, tandis que les pays riches que des facteurs physiques et climatiques empêchent d'accroître leur couvert forestier pourraient aider les pays plus pauvres à accroître et à améliorer le leur. Il y a lieu de déterminer les pays dont le couvert forestier représente plus de 30 % de leur zone terrestre compte tenu de leurs besoins en développement socio-économique et de les encourager par des moyens appropriés à améliorer la qualité de leurs forêts.

5.3 Fonctions des forêts

a) Pour vraiment améliorer le rôle des forêts dans la satisfaction des besoins humains fondamentaux, il est indispensable de s'attaquer aux causes sous-jacentes du déboisement, par exemple la pauvreté, la surpopulation, les besoins en nourriture, en abris et en combustible ainsi que l'endettement, surtout dans les pays en développement. Il y a lieu d'adopter une approche axée sur la consultation et la participation de tous les intervenants.

b) Pour que l'élaboration de mesures administratives soit efficace, on doit pouvoir compter sur une pleine connaissance de la distribution et des valeurs des ressources non ligneuses de la forêt au même titre que celles actuellement disponibles pour les ressources ligneuses.

c) Au niveau du paysage, chaque territoire devrait mettre de côté une petite étendue de terres forestières afin de sauvegarder les caractéristiques climatiques et aquatiques de la forêt et pour protéger l'intégrité de l'écosystème forestier.

d) La sensibilisation du public quant aux rôles que jouent les forêts devrait être accrue au niveau des groupes sociaux et professionnels ainsi qu'au niveau de la famille afin de rehausse davantage les importantes fonctions écologiques et environnementales des forêts pour les générations présentes et à venir.

6. CONCLUSION

Les recommandations présentées ci-dessus comptent parmi les solutions qui peuvent être envisagées pour assurer la mise en oeuvre de certains programmes issus de la CNUED, notamment des programmes portant sur la conservation des forêts, l'accrois-sement du couvert forestier et le rôle des forêts dans la satisfaction des besoins humains fondamentaux. Des mesures concrètes, tant à l'échelle nationale qu'interna-tionale, sont indispensables au bon déroulement de ces programmes.

7. OUVRAGES DE RÉFÉRENCE

1. Anon. (1991) Biological Diversity and Developing Countries: Issues and Options. Overseas Development Administration (ODA). United Kingdom.

2. FAO (1990) Sustainable Development and Natural Resource Management. Food and Agriculture Organisation of the United Nations. Rome, Italy.

3. FAO (1993a) Forest Resources Assessment 1990 - Tropical Countries. FAO Forestry Paper 112, Food and Agriculture Organisation. Rome, Italy.

4. FAO (1993b) The Challenge of Sustainable Forest Management: What Future for World's Forests? Food and Agriculture Organisation of the United Nations. Rome, Italy.

5. Hinde, T. (1985) Forests of Britain. Victor Gollancz Ltd. London.

6. UICN/PNUE/FMN (1991) Sauver la planète : stratégie pour l'avenir de la vie. Gland, Suisse.

7. Lattin, J.D. (1990) Arthropod Diversity in Northeast Old-Growth Forests. Wings: Essays in Insect Conservation, Xerxes Society, Summer 1990.

8. ONU (1991) Document A/CONF. 151/PC/64 établi pour la troisième séance du Comité préparatoire de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement. Genève, Suisse, 12 août- 4 septembre 1991.

Annexe I

BIENS ET SERVICES FORESTIERS

(i) Production durable de bois et de produits ligneux - ils sont utilisés au pays et génèrent des recettes d'exportation;

(ii) Conservation de l'eau et du sol - les forêts permettent d'assurer un approvisionnement adéquat en eau de qualité et de maîtriser l'érosion et la sédimentation, ce qui peut influer considérablement sur les activités en aval qui dépendent de l'eau, comme le transport, l'irrigation, l'agriculture, les pêches et les loisirs;

(iii) Diversité écologique et biologique - un vaste réseau de zones forestières naturelles abrite les différentes formes de communautés naturelles, de paysages et de terrains et protège la gamme complète des espèces animales et végétales et leur variabilité génétique;

(iv) Atténuation des changements climatiques à l'échelle tant locale que mondiale - les forêts influent sur la composition de l'atmosphère, sur sa capacité de retenir la chaleur et sur l'échange thermique à la surface de la Terre;

(v) Espèces sauvages - elles représentent une source d'alimentation essentielle pour les populations locales et sont à la base d'activités industrielles, sportives et récréatives;

(vi) Développement rural intégré - les arbres peuvent servir à remettre en état des terres dégradées et à diversifier des systèmes de production, p. ex. l'agroforesterie;

(vii) Loisirs et écotourisme - les forêts offrent aux populations locales et aux visiteurs de l'étranger des activités de plein air saines et constructives et servent au développement de l'écotourisme;

(viii) Éducation et recherche - les forêts servent à des études officielles et informelles et à la surveillance de l'environnement dans les régions naturelles;

(ix) Valeur esthétique - les forêts rehaussent la qualité de l'environnement autour des villes, des villages, des autoroutes et des rivières et représentent des aires de loisirs et de détente.