Publié par L'Institut International du Développement Durable
(IIDD)
Vol. 12 No. 77
Mardi 2 Juin 1998
REUNIONS DES ORGANES SUBSIDIAIRES DE LA CONVENTION- CADRE SUR LES
CHANGEMENTS CLIMATIQUES
2 - 12 JUIN 1998
Les organes subsidiaires de la Convention-Cadre sur les Changements Climatiques se
réunissent du 2 au 12 juin 1998 à Bonn en Allemagne. Ce sera la première réunion
depuis l'adoption du Protocole de Kyoto à la Troisième Conférence des Parties (CdP-3),
en décembre 1997. L'Organe Subsidiaire sur l'Assistance Scientifique et Technique (SBSTA)
et l'Organe Subsidiaire sur l'Exécution (SBI) aborderont différents aspects des
communications nationales et les mécanismes d'exécution, tels que le mécanisme de
développement propre, les échanges en matière d'émission et "l'exécution
conjointe" (ce terme est utilisé dans l'ordre du jour pour des raisons de
convenance).
Le SBSTA abordera également la coopération avec les organisations internationales et
les questions méthodologiques, telles que les inventaires d'émission, l'utilisation des
terres et la foresterie. Le SBI aura à traiter aussi du mécanisme de financement, de la
seconde revue de l'adéquation des engagements et des arrangements de la CdP-4. Pour sa
part, le Groupe Spécial sur l'Article 13 (AG13) poursuivra les discussions autour des
fonctions et procédures du processus consultatif multilatéral.
ACTIVITES POST-KYOTO
SIGNATURES DU PROTOCOLE: Le 16 mars, le Protocole de Kyoto a été officiellement
ouvert à la signature, au siège des Nations unies, et a été signé par l'Argentine, la
Suisse, les Maldives, Samoa et Antigua et Barboude. Lors de la cérémonie de signature,
le Secrétaire Exécutif de la CCCC, Michael Zammit Cutajar, déclara qu'il attendait avec
impatience l'entrée en vigueur du Protocole ainsi que la première évaluation de son
contenu. Le premier jalon sera l'an 2005, lorsque les Parties devront montrer les progrès
réaliser au niveau des objectifs approuvés en matière d'émission et commencer le
travail de définition des objectifs de l'après 2012.
A l'occasion de la sixième session de la Commission du Développement Durable (CDD-6),
le Japon devait signer le Protocole le 29 avril, suivi le 30 avril par les 15 membres de
l'UE, l'Australie, le Brésil, le Canada, la Norvège et Monaco. La Nouvelle Zélande le
signa le 25 mai. Le 29 mai, la Chine fut le trente-septième à l'avoir signé.
Cinquante-cinq pays devront avoir ratifié le Protocole pour qu'il puisse entrer en
vigueur. Aucun pays n'a encore ratifié le traité.
REUNIONS OFFICIELLES ET OFFICIEUSES: La période qui a suivi la CdP-3 a vu se
concrétiser un certain nombre de réunions, déclarations et autres événements et ce,
à mesure que les pays commençaient à élaborer les plans initiaux d'exécution, à
traiter des réactions intérieures et à développer les processus leur permettant
d'approfondir la définition des termes du Protocole de Kyoto.
La mise en uvre du Protocole devait être abordée par un certain nombre de
réunions de haut niveau. Le 17 mai, le communiqué final de la réunion du G8 à
Birmingham, au Royaume-Uni, se félicita de la récente signature du Protocole par
certains pays du G8 et confirma l'intention des membres restant, de le signer dans le
courant de l'année. Les chefs de file se sont engagés, entre autres: à entreprendre, au
plan intérieur, une action pour la réduction des émissions; à mettre en place des
mécanismes souples; et à élaborer des règles permettant de s'assurer du caractère
vérifiable du système des échanges en matière d'émission et de l'efficacité du
régime de mise en conformité. Les Ministres de l'environnement de l'OCDE devaient se
mettre d'accord, le 3 avril, que les membres de l'OCDE accorderont une haute priorité à
la ratification et à la mise en uvre du Protocole. Le 1er avril, les Ministres de
l'énergie du G8, réunis à Moscou, devaient signer un communiqué sur la coopération
dans le secteur de l'énergie, incluant un appel à accorder une attention particulière
au Protocole de Kyoto. Dans leur déclaration commune émise lors du Sommet des
Amériques, à Santiago, les Présidents des Etats-Unis et du Chili devaient, entre
autres: souligner que les mécanismes de marché du Protocole mobiliseraient des
ressources du secteur privé; reconnaître les potentialités du Mécanisme du
Développement Propre; et noter que les pays en développement doivent participer de
manière significative dans les efforts visant à maîtriser l'évolution climatique en
s'assignant, par exemple, des objectifs en matière d'émission.
Le 30 mai, les Etats-Unis, la France, la Grande Bretagne et d'autres entamèrent à
Paris des discussions sur la tenue d'une ou de plusieurs conférences internationales pour
persuader l'Inde et le Pakistan de renoncer à leurs essais nucléaires contre une aide
des pays industrialisés pour le développement de centrales nucléaires à utilisation
civile. Le Président français, Jacques Chirac, devait également noter la menace que
représenterait "la bombe de pollution" si ces pays et d'autres pays asiatiques
ne passaient pas aux sources d'énergie propre, "l'une des principales questions de
la conférence de Kyoto sur le réchauffement de la planète, de décembre dernier."
Chirac ajouta que l'imposition de sanctions sur l'Inde et le Pakistan rendrait ce passage
plus difficile à réaliser.
Des conférences régionales devaient, par ailleurs, être organisées en Asie, en
Europe de l'Est, en Afrique et en Amérique Latine, pour servir de forum à la
présentation du cadre méthodologique, des résultats et de l'expérience des études
nationales, de leur pertinence et des possibilités de réplication dans la région. Une
conférence sur la Mitigation des Changements Climatique en Afrique s'est tenue à
Victoria Falls, au Zimbabwe, du 18 au 20 mai 1998. Vingt-quatre pays Africains devaient y
prendre part, ainsi que les représentants de l'UNEP Center Denmark, Danida, GTZ, PNUD et
PNUE. La Conférence entrait dans le cadre de la phase finale du projet conjoint PNUE/FEM
"Economics of Climate Change Limitation," et fut conduite parallèlement à la
conférence d'Amérique Latine, tenue à Quito, Equateur, les 21 et 22 mai.
Les mécanismes de flexibilité du Protocole, en particulier le mécanisme des
échanges en matière d'émission, devaient bénéficier d'une grande attention dans
différentes autres réunions. Lors de la première Assemblée du FEM, le 2 avril, le
Directeur des opérations de la Banque Mondiale déclara que la Banque planifiait la mise
en place d'un projet pilote pour aider les pays au niveau des échanges de leurs
allocations en matière d'émission de dioxyde de carbone. Le projet, baptisé
"Carbon Investment Fund," aiderait acheteurs et vendeurs à procéder à des
échanges dans le cadre des émissions qui leur sont allouées. L'orateur ajouta que la
Banque serait en mesure à la fin de se retirer du projet et de laisser la relève au
secteur privé pour en élargir l'échelle.
Une réunion sur les échanges en matière d'émission, parrainée par le Columbia
Earth Institute, le PNUD, l'UNESCO, l'ONUDI et le PNUE, fut tenue du 24 au 26 avril, à
New York. Les participants devaient y aborder un certain nombre de sujets, y compris de la
quantité et du prix des permis d'émission, de la nécessité de la participation du
secteur privé, et de l'échec des efforts fournis dans le passé dans la production
d'incitations en faveur du transfert des technologies. Des groupes de discussions devaient
également élaborer sur des sujets tels que l'opposition du secteur privé et des pays en
développement à l'égard du Protocole de Kyoto par crainte des effets économiques
négatifs, et la réalisation des mesures d'atténuation à travers l'interaction entre
les pays en développement et le secteur privé.
La CNUCED tint une réunion de groupe d'expert sur les échanges en matière
d'émission, le 12 mai à Londres. Certains participants devaient y noter que les
attitudes à l'égard du concept étaient apparemment en évolution et affirmer que les
échanges conféraient une efficacité et une flexibilité à la réalisation des
objectifs et des calendriers établis et autant d'incitations au développement de
nouvelles technologies. D'autres, cependant, devaient faire part de leurs préoccupations
quant au manque d'intérêt manifesté à l'égard de l'achat et de la vente de quelque
chose d'aussi diffus et d'aussi peu claire que le droit d'émettre du dioxyde de carbone.
Les ONG environnementales s'y déclarèrent préoccupées par le risque de voir les pays
nantis acheter des permis d'émission du dioxyde de carbone qui n'aura pas été émis par
la Russie en raison de sa crise économique.
Certains pays et certaines entreprises ont entrepris des actions initiales dans le
cadre du mécanisme de flexibilité. Le 5 mars, la Suncor Energy Inc. (Canada) et la
Niagara Mohawk Power Incorporation (Etats-Unis), devaient annoncer un échange en matière
d'émission de gaz à effet et serre que les deux entreprises espèrent être un premier
jalon vers la création d'un marché mondial et la mise en place d'un système d'échange
international. Le 11 mars, un projet climatique était parachevé et les participants
espèrent voir servir d'exemple quant à la manière dont les projets de protection
forestière peuvent être utilisés pour la compensation des émissions. Dans le cadre de
ce projet, le gouvernement bolivien a ajouté 2.1 millions d'âcres de forêts tropicales
au Parc National de Noel Kempf Mercado, doublant ainsi sa taille. Pour avoir investi dans
la protection de ces zones, trois entreprises américaines, l'American Electric Power, la
BP America et la PacifiCorp, ainsi que le gouvernement bolivien, recevront des crédits
compensatoires en matière d'émission.
Lors de leur sommet du 19 avril, à Kawana, le Président russe, Boris Yeltsin et le
Premier Ministre Ryutaro Hashimoto se sont mis d'accord pour entamer des études de
faisabilité sur une vingtaine de projets d'exécution conjointe prometteurs pour
l'amélioration de l'efficience énergétique d'un certain nombre d'usines russes et la
réduction de leurs émissions de gaz à effets de serre permettant de dégager des
crédits compensatoires. Les deux leaders devaient aussi conclure un accord sur
l'élargissement de la coopération dans le domaine de l'énergie au domaine de la
technologie nucléaire.
AUTRES EVENEMENTS: Plusieurs autres événements et réunions pourraient avoir une
influence sur les négociations de Bonn. Certains journaux ont annoncé que lors de la
signature du protocole, les ministres européens ont exprimé de fortes préoccupations
que les Etats-Unis, le Japon et la Russie étaient en train de violer l'esprit de l'accord
en procédant à des échanges plutôt qu'à des réductions au plan intérieur. Le
Royaume-Uni nota que les actions intérieures devaient constituer le principal moyen de
réaliser des réductions et déclara que l'UE proposera une limitation des réductions
pouvant être réalisées à travers les mécanismes de flexibilité. L'orateur devait
ajouter que les pays industrialisés avaient besoin d'examiner les voies et moyens
permettant d'engager les pays en développement dans le processus et plaida en faveur
d'une revue des engagements de toutes les Parties plutôt que la poursuite des objectifs
de réduction volontaires. Suite à des consultations de haut niveau, le 22 mai, le Japon
et l'UE se sont engagés publiquement à conjuguer leurs efforts pour convaincre les
Etats-Unis de la nécessité de signer le protocole et pour encourager les pays en
développement à réduire leurs émissions.
Aux Etats-Unis, l'administration Clinton a proposé une action intérieure dans le
cadre du Protocole, non sans susciter une forte résistance politique. Le 29 janvier, le
Président Clinton annonça un ensemble de mesures sur cinq ans, portant sur $6.3
milliards d'incitations fiscales et sur la recherche pour impulser le développement de
l'efficience de la consommation dans le secteur de l'automobile et d'autres technologies
d'économie d'énergie. Certains membres du Congrès devaient cependant chercher à
bloquer toute dépense d'argent sur des programmes visant à réduire les émissions de
carbone, en attendant la ratification du Protocole par le Sénat. Ils qualifièrent la
proposition de l'administration de "voie détournée" d'exécuter le protocole
sans le vote du Sénat. Le 22 mai, les législateurs américains ont cherché à exempter
les opérations militaires des Etats-Unis des obligations du Protocole en proposant
l'introduction, dans le texte de loi de l'autorisation militaire de l'année prochaine,
d'un amendement "interdisant la restriction des forces armées en vertu du Protocole
de Kyoto."
Le Japon proposa une législation intérieure pouvant servir de cadre de base pour les
réductions d'émission, nécessitant des gouvernements centraux et départementaux la
mise en place de plans de réduction d'émission et l'élaboration de fréquents rapports
sur l'état d'avancement des réalisations. Elle n'exige de l'industrie ni de divulguer
ses niveaux d'émission ni d'élaborer des plans de réduction. Le premier projet de texte
de loi, qui imposait à l'industrie des mesures autrement plus strictes, y compris
l'élaboration de rapports obligatoires sur les plans de réduction des émissions, fut
révisé après avoir rencontré la résistance du Ministère du Commerce International et
de l'Industrie. Les officiels de l'agence de l'environnement devaient affirmer que le sens
de la législation résidait dans la suggestion selon laquelle les entreprises doivent
adopter "des mesures d'autorégulations." Les critiques ont affirmé cependant
que la proposition péchait par l'absence des mesures permettant de s'assurer de
conformité par l'industrie.
Les ONG participant au processus ont également connu une certaine évolution. On a
assisté au lancement d'une nouvelle ONG industrielle, "the Pew Center on Climate
Change", qui comprends des membres issus du secteur aérospatial, de l'automobile et
des manufactures d'accessoires ainsi que de nombreuses entreprises opérant dans le
domaine de l'énergie. La Shell Oil a annoncé son retrait de la Global Climate Coalition
suite à des différents inconciliables concernant le protocole. La Chambre du Commerce
Américaine a lancé sur l'Internet, une campagne visant à divulguer au public
l'information fournie par les experts en matière de politique étrangère pour créer un
courant d'opposition à l'égard du protocole de Kyoto, qualifié de menace pesant sur la
sécurité et la souveraineté des Etats-Unis.
Des Scientifiques des Etats-Unis et du Royaume-Uni ont annoncé que 1997 a été
l'année la plus chaude jamais enregistrée et que neuf des onze dernières années ont
compté parmi les périodes les plus chaudes jamais enregistrées. Les images
satellitaires ont par ailleurs confirmé qu'une partie de la banquise glaciale de
l'Antarctique s'est détachée de la Larsen Ice Shelf. Cependant, les journaux ont
rapporté qu'un groupe informel d'industriels a élaboré une proposition visant à
convaincre l'opinion que la CCCC est fondée sur des preuves scientifiques peu solides.
Ils chercheraient actuellement à recruter des scientifiques partageant leurs points de
vue sur la question du fondement scientifique des changements climatiques pour tenter de
convaincre le public que le risque de réchauffement de la planète est trop incertain
pour justifier le contrôle des émissions.
A SUIVRE AUJOURD'HUI
SBI: Le SBI se réunit à partir de 10h dans la Salle Maritime.
SBSTA: le SBSTA se réunit à partir de 11h dans la Salle Beethoven.
PLENIERE: La Plénière se réunira à partir de 14h30 dans la Salle Maritime.
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