Publié par L'Institut International du Développement Durable
(IIDD)
Vol. 12 No. 79
jeudi 4 juin 1998
LES FAITS MARQUANTS DES REUNIONS DES ORGANES SUBSIDIAIRES DE LA CCCC
MERCREDI 3 JUIN 1998
L'Organe Subsidiaire de la mise en uvre (SBI) et l'Organe Subsidiaire chargé de
fournir un Avis Scientifique et Technique (SBSTA) devaient, le matin, tenir une Plénière
conjointe pour y poursuivre le débat sur les mécanismes de mise en uvre
concertée. L'après-midi, le SBSTA devait débattre de la coopération avec les
organisations internationales pertinentes et des communications nationales. Le SBI devait
entamer les discussions autour de la seconde revue de l'adéquation des engagements et des
amendements des Annexes I et II.
PLENIERE
Plusieurs orateurs, dont l'URUGUAY, le NICARAGUA et l'ARABIE SAOUDITE, mirent en garde
contre la perte de vue de l'objectif ultime de la Convention et la consécration de plus
qu'il n'en faut de temps à discuter des mécanismes de coopération qui ne serviront
qu'à une sélection de pays. Le porte-parole du GROUPE AFRICAIN déclara que la mise en
uvre concertée ne doit faire passer au second plan la revue des engagements, le
transfert des technologies et le renforcement des capacités. La CHINE mit en garde que le
Protocole de Kyoto ne doit pas copier le Protocole de Montréal. La mise en uvre du
Protocole de Kyoto dépendra du transfert des technologies et des ressources aux pays en
développement. L'orateur mit en garde encore contre l'imposition d'engagements de
réduction aux pays en développement.
La NORVEGE s'opposa à l'idée d'avoir un plafonnement dans l'utilisation des
mécanismes de flexibilité. Avec la COLOMBIE, le COSTA RICA et l'IRAN, le délégué nota
qu'ils étaient complémentaires à l'action nationale. L'AFRIQUE DU SUD et l'IRAN
notèrent que la CdP-4 ne peut pas finaliser le travail d'élaboration des modalités et
des lignes directrices nécessaires à la mise en uvre de ces mécanismes. La
SLOVENIE réitéra l'urgence de l'action, appelant les groupes de travail proposés à
apporter à la CdP-4 une contribution suffisante pour l'élaboration des modalités,
règles et lignes directrices.
L'AUSTRALIE, appuyée par la RUSSIE, appela à des mécanismes à bon rapport
coût-efficacité et déclara que les crédits devaient être transférables entre les
trois mécanismes envisagés pour la réalisation des objectifs du Protocole. L'UE
déclara que l'expérience acquise en matière d'AIJ depuis la CdP-1 pouvait fournir une
orientation de valeur sur les questions posées autour des mécanismes de flexibilité
dans le Protocole. L'orateur proposa d'inclure dans le programme de travail de la CdP-4,
un suivi de la date butoir de juin 1998 retenue pour la soumission des rapports.
L'ARGENTINE souligna l'importance d'établir des priorités pour la CdP-4 et suggéra de
faire avancer les sujets, tels que celui du Mécanisme pour le Développement Propre
(MDP), où le consensus est réalisé.
La GEORGIE mit en garde que le MDP, dans sa forme actuelle, ne rendent les pays en
développement dépendants de la volonté des pays industrialisés et déclara que des
ressources financières étaient nécessaires pour aider les pays en développement. La
MAURICE souligna l'importance du MDP pour l'allégement de la pauvreté. L'ETHIOPIE appela
à l'élaboration de ce point lors de la CdP-4. Avec la COLOMBIE, le COSTA RICA, la
SLOVENIE, le SENEGAL, le NIGERIA et l'IRAN, la NORVEGE qualifia le MDP d'outil de
développement durable pour les pays non visés à l'Annexe I qui doivent également
contribuer aux objectifs de la Convention des changements climatiques. Le délégué
indiqua qu'un davantage de temps était nécessaire pour l'inclusion des puits absorbants
dans le MDP.
La COLOMBIE et le VENEZUELA recommandèrent que les projets inscrits dans le cadre du
MDP produisent de réelles réductions d'émission et, avec le COSTA RICA, soit en
harmonie avec les souhaits du pays hôte. Appuyée par le COSTA RICA, le NICARAGUA,
l'ARGENTINE et l'IRAN, la COLOMBIE s'opposa à l'idée d'ignorer les puits d'absorption,
notant qu'ils font également partie des données de la biodiversité. Le COSTA RICA
s'opposa à la renégociation des types de puits d'absorption à inclure. La COREE exprima
des réserves quant à l'inclusion de la foresterie dans le cadre du MDP et mit en garde
contre toute tentation de gérer le MDP à une échelle micro à travers des systèmes
bureaucratiques par trop étendues. L'IRAN établit une distinction entre le MDP et les
autres mécanismes, le premier étant plutôt de dimension multilatérale que bilatérale
et placée sous la supervision internationale. L'orateur mit en garde contre la tentation
de transformer le MDP en mécanisme pour une énergie propre. L'URUGUAY appela à un
approfondissement de la définition et à des discussions de groupes de contact.
Le porte-parole du GROUPE AFRICAIN, appuyé par l'AFRIQUE DU SUD, nota que les pays
africains n'ont ni participé aux AIJ ni reçu de financement parce que les bailleurs de
fonds semble préférer d'autres régions. Plusieurs pays, dont le BURKINA FASO, le
NIGERIA et la REPUBLIQUE CENTRE AFRICAINE, soulignèrent la nécessité d'attendre la fin
de la phase pilote des AIJ pour tirer des conclusions sur leur viabilité. L'IRAN se
déclara favorable à la continuation de la phase pilote des AIJ et à l'élaboration de
lignes directrices.
La COREE et le NIGERIA soulignèrent que les échanges de droits d'émission doivent
être complémentaires aux réductions nationales et mirent en garde que les règles qui
viendront le régir doivent être définies à l'avance pour éviter les problèmes de
conformité et de vérification. La CHINE nota que l'échange des droits d'émission
restait illégal en attendant la définition des règles, principes et lignes directrices
par la CdP. Apportant son soutien à l'échange des droits d'émission, le délégué de
la FEDERARION DE RUSSIE déclara que le peuple russe a payé un prix très élevé en
acceptant de réduire son niveau de vie.
Le délégué du CANADA
présenta, au nom de l'Australie, du Canada, des Etats-Unis, de l'Islande, du Japon, de la
Nouvelle Zélande, de la Norvège et de la Russie, un papier de discussion sur les
principes, modalités, règles et lignes directrices du régime devant régir l'échange
des droits d'émission. L'unité négociable est baptisée "Assigned Amount
Units" (AAUs). Les AAUs seront exprimé en "équivalent CO2" et
représentera une tonne métrique d'émissions équivalent CO2. Chacune des Parties de
l'Annexe B peut émettre des titres AAUs prélevés sur "les quantités qui lui sont
allouées." Les AAUs seraient valide jusqu'à leur utilisation à titre compensatoire
aux fins de réaliser la conformité aux objectifs assignés.
Les Parties peuvent procéder aux échanges de droits d'émission de manière directe
et/ou autoriser des entités juridiques à acquérir et/ou transférer des AAUs. Chacune
des Parties de l'Annexe B devra se conformer à l'Article 5 (systèmes d'estimation des
émissions nationales) et à l'Article 7 (inventaire des émissions). Elles doivent
également établir et entretenir un système national d'archives pour le suivi des
quantités qui leur sont allouées et des AAUs effectuées, transférées ou acquises.
Chacune des Parties est requise de présenter un rapport d'activité annuel et sa
conformité sera évaluée à la fin de la période d'engagement.
Le Président annonça les termes de référence du groupe de contact conjoint
SBSTA/SBI chargé de préparer des projets de décision sur: la répartition des tâches
pour les prochaines sessions du SBI et du SBSTA; les questions de fond ayant trait aux
activités d'exécution conjointe, à la mise en uvre concertée, au MDP et à
l'échange des droits d'émission; et, l'élaboration du programme de travail.
ORGANE SUBSIDIAIRE DE MISE EN UVRE
Au sujet de la seconde revue de l'adéquation des engagements des Parties visées à
l'Annexe I, le délégué des PHILIPPINES, au nom des G-77/CHINE et appuyé par la GAMBIE,
l'INDE, le BURKINA FASO, l'ARABIE SAOUDITE, la CHINE, la COLOMBIE, le VENEZUELA, le
BRESIL, l'IRAN et le KOWEÏT, déclara que le Protocole de Kyoto constituait un premier
pas de ce processus de revue. Lors de la CdP-4, les Parties auront à examiner les
sciences permettant d'évaluer l'adéquation des engagements. Le groupe élaborera une
décision pour le SBI.
Le représentant de l'UE se félicita des dispositions du Protocole de Kyoto qui
prévoient ce travail de revue à la seconde réunion des Parties (RdP-2) et le démarrage
de l'examen des engagements de la seconde période. Notant la nécessité d'une
participation mondiale, l'orateur déclara que l'UE était prête à des discussions avec
toutes les Parties lors de la CdP-4 et au-delà, dans le cadre de l'Article 7.2 qui porte
sur la revue régulière de la mise en uvre de la Convention. Il nota la disposition
de la CCCC appelant les Parties non visées à l'Annexe I à opter pour des objectifs.
L'AUSTRALIE déclara que toutes les preuves scientifiques indiquent que la prise de
mesures par les seuls pays de l'Annexe I serait insuffisant. Le délégué des ETATS-UNIS
nota certaines conclusions démontrant que les engagements étaient inadéquats en raison
du petit nombre de Parties impliquées, et appela à l'adjonction d'un point
supplémentaire à l'ordre du jour de la CdP-4 consacré aux engagements volontaires des
Parties non visées à l'Annexe I.
Le BURKINA FASO mit en exergue les obligations ayant trait aux pays en développement,
notamment le transfert des technologies. La CHINE, appuyée par la HONGRIE, appela à une
évaluation de la mise en uvre de la CCCC et pas uniquement des engagements. Le
CANADA déclara que les évaluations futures doivent couvrir l'impact des actions
entreprises par l'ensemble des Parties et que le SBSTA doit fournir les données
scientifiques et techniques nécessaires à ces évaluations. La HONGRIE nota que
plusieurs pays de l'Annexe I honoreront les obligations qui sont les leurs dans le cadre
de la CCCC. Il s'opposa à l'idée d'abandonner l'examen de la question d'évaluation par
le SBI. L'ARABIE SAOUDITE recommanda de ne discuter des engagements des Parties visées à
l'Annexe I qu'après l'entrée en vigueur du Protocole de Kyoto.
L'ARABIE SAOUDITE, la GAMBIE, la COLOMBIE, l'IRAN et l'INDE s'opposèrent à l'idée
d'aborder les engagements volontaires à la CdP-4. La REPUBLIQUE CENTRE AFRICAINE appela
à une décision sur l'adéquation des engagements des Parties visées à l'Annexe I avant
la considération des engagements des autres pays. La SUISSE déclara que la seconde revue
doit, entre autres, traiter de la stabilisation des émissions de gaz à effet de serre
des Parties visées à l'Annexe I et, citant l'Article 7.2(a), affirma que la question de
l'adéquation des engagements ne devait pas être limitée aux seules Parties de l'Annexe
I. L'IRAN déclara qu'il était normal d'évaluer les nouveaux engagements de l'Annexe I.
L'UE
nota que les données scientifiques démontrant l'inadéquation des engagements étaient
claires. L'orateur nota que l'Article 7 portait sur la revue de "la mise en
uvre" de la Convention, et pas seulement des objectifs. Le délégué des
ETATS-UNIS nota que les objectifs de la Convention ne pouvaient être réalisés à
travers l'Article 4.2(a) ou (b) à lui tout seul. La CHINE insista que la référence que
l'Article fait "aux" Parties n'englobait pas "toutes les Parties" et
mit en garde le "Nord" qu'en cherchant à pousser les choses trop loin, on
risquait d'aboutir à un échec total. Un consensus fut réalisé autour de la proposition
de ne pas demander encore au SBSTA davantage d'information. Il n'y eut pas de consensus
autour de la proposition du Président d'établir un groupe de contact sur cette question.
Les délégués attendront le projet de proposition du G-77 sur la question d'évaluation.
Concernant la revue de l'information et des décisions éventuelles dans le cadre de
l'Article 4.2(f) (amendements des annexes), l'AUSTRALIE, le Canada et l'UE requirent des
éclaircissements concernant l'approche préconisée par la Turquie pour la question des
responsabilités. L'UE déclara que tous les pays de l'OCDE doivent avoir des engagements
déclarés. Le délégué des ETATS-UNIS déclara que toute décision sur la revue doit
inclure une disposition la consacrant comme point régulier à l'ordre du jour de la CdP.
Le Président requit un projet de décision.
ORGANE SUBSIDIAIRE CHARGE DE L'AVIS SCIENTIQUE ET TECHNIQUE
S'agissant de la coopération avec les organisations internationales pertinentes, le
délégué des ILES MARSHALL souhaita avoir des éclaircissements du GICC concernant la
manière dont le sujet des implications régionales sera couvert dans le Troisième
Rapport d'Evaluation (TRE). L'orateur appuya l'établissement d'un comité inter-agence
sur l'ordre du jour climatique.
Le délégué des ETATS-UNIS parla de la capacité actuelle du GICC d'entreprendre
encore un travail méthodologique, de la structure envisagée par le GICC pour accommoder
les besoins à court et à long terme des Parties, et de l'expertise requise pour le
soutien de ce travail.
Les ETATS-UNIS, l'AUSTRALIE et l'UE encouragèrent les Parties à accorder une
priorité aux systèmes d'observation et attirèrent l'attention sur la détérioration
des conditions des systèmes en vigueur. L'UE et l'OUZBEKISTAN appelèrent le FEM à
mettre des ressources à disposition pour aider les pays en développement et les pays en
transition économique dans leur travail d'observation. Le délégué des Etats-Unis,
appuyé par le JAPON et l'UE, appela à l'établissement d'une coopération avec l'ICAO et
l'IMO.
Un certain nombre de Parties, dont les ILES MARSHALL, l'ARABIE SAOUDITE et les
G-77/CHINE, firent objection à l'idée d'établir un organe subsidiaire chargé des
instruments économiques étant donné que ce travail était déjà en train d'être
accompli par le Groupe de Travail 3 du GICC, et suggéra que le PNUE canalise ses
ressources et ses efforts à travers le GICC. L'OUGANDA souligna le manque d'information
climatique concernant l'Afrique et appela à un soutien de la part des services
météorologiques et hydrologiques. L'IRAN demanda si le GICC traiterait de l'impact des
cycles solaires sur le climat.
Concernant les communications nationales de l'Annexe I, l'UE appela le Secrétariat à
élaborer un rapport sur les révisions proposées par les Parties, pour considération au
SBSTA-9 et à la CdP-5. Le délégué des ILES MARSALL déclara qu'une adhésion stricte
aux directives disponibles, plutôt qu'une révision à grande échelle, était
nécessaire. Le délégué des ETATS-UNIS souligna l'importance des inventaires et
souhaita une révision des lignes directrices retenues pour l'élaboration des politiques
et des mesures, la prise en compte des circonstances nationales et le transfert des
technologies. Le CANADA cita des exemples d'incohérence dans les communications
nationales découlant du manque de clarté des lignes directrices actuelles et indiqua
qu'il présentera une soumission écrite. La SUISSE déclara que le Secrétariat doit
enregistrer les difficultés évoquées par les différents pays et appela à une
révision des projets d'évaluation approfondie.
Au sujet des communications des Parties non visées à l'Annexe I, le Président nota
que c'est le SBI qui traitera ce point.
DANS LES COULOIRS
Les réactions suscitées par le papier officieux sur l'échange des droits
d'émissions étaient mitigées. Certains représentants des pays auteurs de la soumission
ont fait part de leur satisfaction quant à ses termes et se déclarèrent heureux d'avoir
un produit concret pour la discussion. D'autres pays industrialisés ont semblé surpris
par le moment choisi pour introduire le papier officieux et par son nombre d'éléments.
Certains pays en développement ont beaucoup hésité à faire leurs commentaires jusqu'à
avoir entièrement compris ses implications.
A SUIVRE AUJOURD'HUI
SBSTA: Le SBSTA se réunira à partir de 10h dans la Salle "Maritim".
SBI: Le SBI se réunira à partir de 10h dans la Salle "Beethoven".
EVENEMENT SPECIAL: L'ancien Président de l'AGBM, ESTRADA, prendra la parole lors de
l'exposé intitulé "Protocole de Rio: Explications et Réflexions" prévu à
18h en Salle TBA.
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