You are viewing our old site. See the new one here

BNT:09:54 [Page suivante] . [Page précédente] . [Table des matières]

BREVE ANALYSE DU SBSTA-2

La seconde réunion de l'Organe Subsidiaire sur les Avis Scientifiques, Techniques et Technologiques (SBSTTA) de la Convention des Nations Unies sur la Diversité Biologique (CDB) a été ponctuée par des rappels du Président, Peter Johan SCHEI (Norvège), que l'organe subsidiaire n'est ni une "mini Conférence des Parties" ni un "comité de rédaction". Il commença, en effet, par établir un lien entre la crédibilité scientifique et technique de l'organe et sa capacité de maintenir une approche basée sur des considérations compatibles avec son rôle de conseil politique, mais à la fin de la semaine, il ne semblait pas entièrement satisfait que le SBSTTA s'en soit tenu à son mandat de conseil politique en matière scientifique et technique.

CRISE IDENTITAIRE DU SBSTTA: Le décalage entre le mandat du SBSTTA et sa pratique a également préoccupé le Bureau du SBSTTA où le dilemme était qualifié de "crise identitaire". Les explications fournies à ce sujet ont englobé le caractère intergouvernemental des réunions, où les délégués venaient inévitablement avec à l'esprit leurs priorités nationales, et le fait qu'ils sont souvent ceux-là mêmes qui assistent à la Conférence des Parties (CdP). Cela contribua au flou dans la démarcation entre avis scientifiques, conseils politiques et autres considérations de même ordre. Un observateur suggéra qu'il y avait un décalage entre la nature même du SBSTA et son mandat. Il proposa l'établissement d'un organe permanent chargé du traitement des contributions scientifiques, qu'il serait sans doute utile de rattacher au Secrétariat, appuyé sur le mécanisme de redéploiement pour faciliter la communication et l'échange.

Selon certains délégués on en est arrivé à penser, au niveau du Bureau, que le problème était dû à la CdP pour avoir manqué de fournir des instructions suffisamment claires ou précises sur ce que le SBSTTA devrait exactement couvrir dans son programme de travail. Seule la CdP dispose de l'autorité de rationaliser le travail du SBSTTA. L'on s'attend à ce que cela fasse l'objet de nouvelles discussions à la CdP-3 et l'on espère que le blocage institutionnel auquel le SBSTTA se trouve confronté a été suffisamment mis en lumière par l'expérience tirée de cette session.

Interrogé sur le point de savoir si le Bureau de la CdP pourrait avoir à envisager un mécanisme pour le traitement de l'apport scientifique, plus proche dans sa conception du Panel Intergouvernemental sur les Changements Climatiques (PICC) qui alimente le processus de la Convention-Cadre sur les Changements Climatiques, le Président du SBSTTA devait répondre qu'il était trop tôt pour en juger. Plus de familiarisation avec les dispositions actuelles de la CDB reste nécessaire. La décision finale dépendra de l'étendue de la réussite du SBSTTA dans le développement de mécanismes intersessionnels pour la production des documents et l'intégration des contributions scientifiques, et de la manière dont il s'y prendra pour alléger la charge onéreuse du Secrétariat.

LE RÔLE DE LA SCIENCE DANS LE PROCESSUS DU SBSTTA: L'un des thèmes communs entendus tout au long de la semaine intéressa le pourcentage relativement limité de scientifiques dans les délégations participant aux travaux du SBSTTA. Plusieurs délégations devaient admettre en privé qu'elles n'étaient pas familiarisées avec bon nombre de questions techniques soumises au SBSTTA-2. L'ironie veut que pour certains d'entre eux, le SBSTTA, pourtant supposé être un organe d'experts scientifiques et techniques, sert de forum d'apprentissage sur les questions mêmes sur lesquelles ces experts sont censés donner un avis.

Le traitement des recommandations du SBSTTA par la CdP-3 offrira l'occasion d'évaluer l'influence des scientifiques qui ont déjà été impliqués dans d'autres processus.

Une fois de plus, par analogie à la Convention sur les Changements Climatiques, la fonction du PICC, un corps d'experts scientifiques internationalement accepté, consiste à fournir une information d'autorité et revue par les pairs, pour soutenir les décisions politiques prises par la CdP de la Convention sur les Changements Climatiques. Le SBSTTA ne bénéficie pas de la contribution d'un mécanisme scientifique jouissant d'un statut similaire à celui du PICC. Comme l'ont fait remarquer certains observateurs, le processus de la CdP a besoin d'une telle autorité scientifique. Il est probable qu'un mécanisme de revue par les pairs soit développé pour la CDB.

CONCLUSION: En dépit des critiques, certains délégués ont exprimé leur satisfaction quant aux progrès réalisés dans les questions techniques touchant à plusieurs domaines, incluant le mécanisme de redéploiement de l'information et le développement des capacités en matière de biosécurité et de taxonomie. L'élaboration de lignes directrices plus claires pour le mécanisme de redéploiement en tant qu'infrastructure de stockage et de dissémination des informations est considérée comme particulièrement cruciale.

Par ailleurs, certaines recommandations concernant les approches pratiques pour le développement des capacités en matière de taxonomie ont de fait atteint un niveau de détail et de spécificité important. A titre d'exemple, le paragraphe longuement débattu et finalement accepté, plaide en faveur de la conclusion d'accords de transfert de matériaux (un type de contrat spécialisé définissant les usages auxquels sont destinés les échantillons biologiques) pour régir le transfert des spécimens biologiques destinés à la recherche taxonomique.

Néanmoins, le processus continue à avancer lentement. Se référant à l'hypersensibilité manifestée vis-à-vis des libellés, l'un des délégués devait exprimer sa frustration concernant la lenteur de la progression en qualifiant ces négociations de "bataille sur les points virgules". Le programme chargé de la réunion de cette année n'a pas aidé à faciliter les choses. Plusieurs délégués se sont déclarés frustrés de n'avoir pas été en mesure d'aller jusqu'aux détails techniques spécifiques dans les groupes de travail. On suggéra une utilisation accrue de groupes de travail et de comités de liaison pour accélérer le processus. Outre l'appel en faveur de papiers plus focalisés, préparés par le Secrétariat, bon nombre de délégués devaient suggérer, en privé, qu'une série d'études de cas présentés par les Parties durant les futures réunions du SBSTTA pourrait aider à rendre la discussion plus concrètes, autour des exemples tirés de la réalité. Si la CdP-3 exerçait des restrictions dans l'établissement du programme du SBSTTA pour l'année 1997, comme recommandé par le SBSTTA-2, les Parties pourraient disposer de la focalisation nécessaire pour passer aux choses concrètes de la mise en oeuvre de la Convention sur la Diversité Biologique.

[Haut de la page]