Summary report, 20 September 2021
SDG Moment 2021
Conçue pour ponctuer une «Décennie d’action» avec des messages portant sur le changement transformateur requis pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD), l’édition 2021 du Moment des ODD a été un rassemblement de contrastes: celui au cours duquel le statu quo était confronté à l’urgence de la pandémie et à l’impatience des jeunes pour une action transformationnelle.
Cette deuxième évaluation annuelle des progrès accomplis au cours de la dernière décennie du Programme de développement durable à l’horizon 2030 s’est concentrée sur la manière de maintenir le dynamisme malgré les effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19. Cet événement d’une journée, qui a coïncidé avec l’ouverture de l’Assemblée générale des Nations Unies, a présenté des mises à jour sur les avancées réalisées par 21 pays, avec des dialogues modérés mettant en exergue les plans, les voies suivie et les partenaires pour la relance et au-delà.
Dans un puissant symbole d’équité et de solidarité intergénérationnelles, le Président de la République de Corée a présenté les superstars mondiales BTS, qui ont «dansé leur cheminement» à travers le siège de l’ONU pour présenter un message d’espoir pour les générations futures, un thème qui résonnera tout au long de la session.
Le Moment des ODD a été modéré par des présentateurs de télévision professionnels, Juju Chang (ABC News) et Sherwin Bryce-Pease (South African Broadcasting Corporation), installés dans un nouveau beau studio mis en place au siège de l’ONU avec le soutien des Pays-Bas. Les discussions ont été organisées autour de cinq thèmes principaux:
- Favoriser le dialogue intergénérationnel et les solutions conduites par les jeunes;
- Lutter contre les impacts disproportionnés de la pandémie sur les femmes et les filles;
- Réduire la fracture numérique;
- Localiser les ODD; et
- Édifier des institutions inclusives efficaces pour la justice, l’égalité et la confiance.
Inaugurant les discussions, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a mis en exergue certains domaines d’action critiques dont, notamment: l’accélération de la production et de la distribution de vaccins à l’échelle mondiale; la garantie d’une relance économique durable et équitable; la lutte contre les inégalités de genre et sociales; et la concrétisation des objectifs de décarbonisation d’ici 2050.
Malgré la présentation, par The Economist Group, de données indiquant que les 18 premiers mois de la pandémie avaient anéanti cinq années de progrès des ODD, reléguant 97 millions d’êtres humains dans la pauvreté, de nombreux orateurs se sont dits convaincus que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 offre une «carte des chances» pour une relance inclusive, équitable et durable. Le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Abdulla Shahid, a offert quelques «rayons d’espoir», présentant cinq domaines d’intervention fondés sur les droits humains et inextricablement liés aux ODD qui pourraient nous propulser vers l’avant, à travers notamment: le comblement du fossé vaccinal, la reconstruction durable, le respect des droits de tous, la satisfaction des besoins de la planète et la revitalisation des Nations Unies.
Reconnaissant le rôle essentiel des actions locales dans la concrétisation des ODD, la réunion a lancé la coalition «Local 2030» pour connecter les gouvernements locaux et régionaux et leurs associations, ainsi que d’autres acteurs locaux, à l’ONU, et pour soutenir les dirigeants locaux dans l’incubation et le partage des solutions permettant de faire avancer les ODD au niveau local.
Le Moment des ODD s’est déroulé en mode virtuel la journée du lundi 20 septembre 2021, en amont du débat général de la 76e Assemblée générale des Nations Unies, ainsi que des grandes réunions de haut niveau sur les systèmes alimentaires, le climat, l’énergie, l’emploi et la protection sociale. Il a également coïncidé avec le lancement de «#keepingthepromise», une nouvelle campagne numérique des Nations Unies qui appelle le monde entier à faire la promesse d’agir pour un avenir meilleur pour tous.
Bref Historique du Moment des ODD
En septembre 2015, le Sommet des Nations Unies sur le développement durable a adopté l’agenda «Transformer notre monde: Programme de développement durable à l’horizon 2030» (Programme 2030), un ensemble qui comprend les 17 ODD, 169 cibles et un cadre de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre. Le Programme 2030 a appelé le Forum politique de haut niveau sur le développement durable (FPHN), créé en juillet 2013 par la résolution 67/290 de l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU), à, entre autres, suivre et évaluer les progrès accomplis dans la mise en œuvre des engagements pris en faveur du développement durable. La résolution de l’AGNU appelle le FPHN à se réunir sous l’égide du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) chaque année, et sous l’égide de l’AGNU tous les quatre ans.
Depuis l’adoption du Programme 2030, six sessions du FPHN ont eu lieu sous l’égide de l’ECOSOC dont, la plus récente, s’est déroulée en juillet 2021. La première session du FPHN à se réunir sous l’égide de l’AGNU depuis l’adoption des ODD, baptisée «Sommet des ODD», a eu lieu les 24 et 25 septembre 2019. Les États membres de l’ONU y ont reconnu que le monde n’était pas sur la bonne voie pour atteindre les ODD et ont appelé tous les acteurs à faire montre de plus d’ambition et d’urgence dans leurs efforts de mise en œuvre au cours de ce qui sera réputée être une «Décennie d’action».
La Déclaration politique du Sommet des ODD a exprimé les préoccupations suivantes:
- Les progrès ralentissent dans de nombreux domaines, notamment ceux de l’éradication de la pauvreté, de la faim, de l’égalité des genres et de l’inégalité des richesses;
- La perte de biodiversité, la dégradation de l’environnement, les déchets plastiques dans les océans, le dérèglement climatique et les risques de catastrophe se poursuivent à des rythmes entraînant des conséquences potentiellement désastreuses pour l’humanité;
- L’extrémisme violent, le terrorisme, le crime organisé, la corruption, les flux financiers illicites, les menaces posées à la santé mondiale, les crises humanitaires et les déplacements forcés de personnes menacent d’annuler des décennies de progrès en matière de développement; et
- Les conflits et l’instabilité perdurent ou s’intensifient, et les catastrophes naturelles deviennent plus fréquentes et plus intenses dans de nombreuses régions du monde, causant des souffrances humaines indicibles.
La Déclaration demande au Secrétaire général «d’organiser un Moment annuel dans le contexte du débat général de l’Assemblée générale pour la mise en exergue de l’action inspirante des ODD».
En septembre 2020, le Secrétaire général a convoqué le premier Moment des ODD pour vérifier l’état d’avancement des ODD au début de la Décennie d’action, à la lueur des défis posés par la pandémie de COVID-19.
Compte rendu du Moment des ODD
L’édition 2021 du Moment des ODD s’est ouverte par une brève introduction des co-modérateurs Sherwin Bryce, South African Broadcasting Corporation, et Juju Chang, ABC News.
Le Secrétaire général de l’ONU, Guterres, a souligné que le monde est défié comme jamais auparavant, mais que les gens ne sont ni désespérés ni impuissants. Il a mis en exergue cinq domaines d’action urgente:
- Améliorer la riposte à la pandémie, qui a été trop lente et trop inégale, en doublant la production de vaccins pour atteindre 70% de la population mondiale d’ici le milieu de 2022;
- Assurer une relance économique durable et équitable, mettant l’humain avant le profit, assortie d’une réforme fiscale et financière;
- Garantir, pour les femmes et les filles, l’égalité des droits et des sièges aux tables du pouvoir;
- Mettre fin à la guerre contre la planète, moyennant zéro émission liée au dérèglement climatique d’ici 2050, et 100 milliards de dollars par an pour l’action climatique; et
- Assurer une relance menée par les peuples.
Dans son allocution d’ouverture, le Président de l’AGNU, Abdulla Shahid (Maldives) a reconnu que la pandémie a gravement affecté les ODD, signalant toutefois que les ODD constituent «l’enveloppe d’outils la plus complète et la plus universelle dans nos efforts pour nous rétablir de manière durable». Malgré le recadrage de la Décennie d’action en une «Décennie de relance», Shahid a identifié quelques «lueurs d’espoir» inextricablement liées aux ODD et permettant, notamment, de:
- Sortir de la pandémie et reconstruire durablement (ODD santé et emploi);
- Répondre aux besoins de la planète (ODD sur les énergies propres, l’action climatique, les océans et les mers, la biodiversité, etc.); et
- Renforcer les droits humains et la revitalisation de l’ONU, qui recoupent l’ensemble du Programme.
Il a indiqué par ailleurs que le Moment des ODD nous donne l’occasion de réfléchir sur les situations où nous nous trouvons, où nous pourrions être, sur les entraves et sur la voie à prendre.
Claire Casey, Chargée des politiques et informations, The Economist Group, a fait observer que les 18 derniers mois avaient anéanti cinq années de progrès dans le domaine des ODD, exacerbant les disparités existantes et plongeant des millions de personnes dans l’extrême pauvreté. Abordant la face de la pandémie en matière de genre, elle a signalé que le nombre de femmes employées a diminué de 54 millions. Elle a souligné que l’égalité ne profite pas seulement aux individus mais aux sociétés, suggérant que l’économie augmenterait de 12 300 milliards de dollars si la parité entre les genres était atteinte.
Moon Jae-in, Président de la République de Corée, mettant l’accent sur des ripostes efficaces aux défis intégrés de notre temps, a proposé que les solutions doivent également transcender les frontières nationales. Il a décrit quatre ripostes mondiales urgentes à cet égard: assurer une distribution équitable des vaccins anti-COVID-19; intensifier le partage des connaissances et le transfert des technologies de relance verte ; exploiter les technologies numériques sans exacerber les inégalités économiques et sociales; et procéder à une «collecte de sagesse» pour la coexistence intergénérationnelle.
Le groupe K-pop sud-coréen BTS, en sa qualité d’Envoyé spécial du Président pour les générations futures et la culture, a présenté des messages de fans du monde entier. Concluant que la réponse écrasante des jeunes est une réponse d’espoir, le groupe a suggéré de désigner les Jeunes «Génération Bienvenue», et ont terminé par un enregistrement vidéo typiquement optimiste de leur récente sortie «Permission to dance», filmé au siège des Nations Unies.
Tirer parti de la réponse à, et du rétablissement de, la COVID-19 pour accélérer la mise en œuvre des ODD
Dialogue intergénérationnel avec les défenseurs des ODD: Dans ce dialogue intergénérationnel, un membre senior et un membre junior des défenseurs des ODD relevant du Secrétaire général des Nations Unies, ont échangé leurs points de vue sur leurs propres expériences faisant la différence au sein de leurs communautés. Graça Machel a raconté son expérience avec Nelson Mandela dans la création de «The Elders», un groupe de dirigeants mondiaux indépendants travaillant ensemble en faveur de la paix et des droits humains et de l’éducation pour un avenir meilleur. Elle a indiqué que la formation des «Anciens» a été éclairée par l’expérience de certains membres en tant qu’activistes anti-apartheid en Afrique du Sud, et a souligné l’importance de créer de tels mouvements pour apporter des changements, car une voix collective ne saurait être ignorée. Valentina Muñoz Rabanal a parlé de son expérience en tant qu’influenceuse des médias sociaux et militante numérique au Chili, où un mouvement de Jeunes protestant contre l’augmentation du prix des billets de métro en 2018 a provoqué l’un des plus grands mouvements sociaux de ces derniers temps utilisant les technologies numériques.
Table ronde sur l’exploitation de la réponse à, et du rétablissement de, la COVID-19 pour accélérer la mise en œuvre des ODD: Le Modérateur Sherwin Bryce-Pease a ouvert la session, présentant des données indiquant que seulement 2% de l’approvisionnement mondial total en vaccins anti-COVID-19 ont été administrés en Afrique.
Vera Songwe, Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, a souligné que la région avait déjà mobilisé une partie substantielle des ressources nécessaires pour atteindre l’objectif continental de 70% de vaccination d’ici mi-2022. Déplorant les mesures «anticoncurrentielles» dans les pays industrialisés qui entravent ces efforts, elle a souligné la nécessité d’augmenter la capacité de production de la région, en s’appuyant sur les efforts déployés dans des pays comme le Sénégal et l’Afrique du Sud, et d’étendre cela à d’autres maladies négligées telles que la rougeole.
Signalant que les économies à revenu élevé, qui ont largement atteint la vaccination quasi universelle, ont commencé à se remettre de la pandémie, Achim Steiner, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a souligné la façon dont le Tableau de bord mondial sur l’équité en matière de vaccins contribue à la riposte, en renseignant sur les endroits où la pandémie se répand davantage ou aggrave les inégalités existantes.
Le débat a en outre souligné l’importance d’augmenter à la fois l’espace budgétaire pour que les pays en développement progressent mieux, Songwe soulignant que les pays africains ont reçu une fraction du plan de relance de 650 millions de dollars des droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international. Affirmant que les ODD offrent un cadre pour une relance inclusive et durable, Steiner a suggéré que progresser vers la réorientation «d’une fraction de la richesse mondiale» pour la promotion des ODD sera un test crucial pour le prochain Sommet du G20.
Les Plans, les voies et les partenaires pour la relance et au-delà
Le Président de l’ECOSOC, Collen Vixen Kelapile, a signalé qu’une majorité de pays qui n’ont pas accès aux vaccins, aux thérapies et au diagnostic anti-COVID ont connu plutôt des régressions que des progrès dans la réalisation des ODD. Il a salué les rapports établis sur les évaluations nationales volontaires (ENV) de l’édition 2021 du FPHN, selon lesquels certains pays à moyens et faibles revenus ont réagi à la pandémie en introduisant des changements structurels, y compris en matière de protection sociale.
Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, Président du Ghana et Co-président des défenseurs des ODD du Secrétaire général, a décrit la façon dont la pandémie a replongé des millions de personnes dans la pauvreté et la faim, et a appelé à l’action pour combler le déficit de financement des ODD, estimé à 2,5 billions de dollars, et pour des solutions innovantes pouvant servir de catalyseurs des ODD.
Erna Solberg, Première ministre de Norvège et Co-présidente des défenseurs des ODD du Secrétaire général de l’ONU, a décrit comment le monde est aux prises avec des crises dans les domaines de la santé, de l’économie et du changement climatique, qui exigent une action transformatrice et la mobilisation de la volonté politique, y compris la réalisation des engagements pris dans le cadre du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement et l’allégement de la dette. Elle a également appelé à un engagement politique clair sur les systèmes alimentaires et à mettre fin à la faim lors du prochain Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires.
Contributions des chefs d’État et de gouvernement
Afrique: Abdel Fattah Al Sissi, Président égyptien, a souligné la nécessité de redoubler d’efforts pour atteindre les ODD, car ils sont essentiels à une relance durable et résiliente après la COVID-19 et d’autres défis mondiaux similaires tels que le changement climatique, qui a également un impact effet sur la santé, la sécurité alimentaire et l’éradication de la pauvreté.
Uhuru Kenyatta, Président du Kenya, a parlé de la feuille de route ‘ODD 2016’ du Kenya, comportant des mesures prioritaires en faveur de certains objectifs comme le logement, la couverture sanitaire et la sécurité alimentaire, qui pourraient étayer d’autres objectifs ou avoir un effet multiplicateur.
Lazarus McCarthy Chakwera, Président du Malawi, a souligné la nécessité d’une action collective pour le relèvement, et a indiqué que son pays ciblait la santé, la pauvreté, le travail décent et l’éducation à travers un plan de relèvement décennal lié à la lutte contre la pandémie et qui comprend des transferts monétaires et des mesures en faveur de la sécurité alimentaire.
Filipe Jacinto Nyusi, Président du Mozambique, a déclaré que son pays a aligné son budget national et ses instruments de planification sur le Programme 2030, mais que les impacts économiques et sociaux de la pandémie nécessitent un plan de relance axé sur l’éradication de la faim, l’expansion des établissements de santé, l’éducation de qualité, une capacité accrue d’apprentissage à distance et des possibilités d’auto-emploi.
Julius Maada Bio, Président de la Sierra Leone, a déclaré que son pays avait identifié les ODD 4 (éducation de qualité) et 16 (paix, justice et institutions fortes) comme étant des objectifs accélérateurs pour les diverses cibles des ODD, soulignant, entre autres, l’augmentation des investissements dans l’accès à une éducation de qualité, qui ont permis d’améliorer les indicateurs de performance du secteur, malgré la pandémie. Concernant la paix et la sécurité, il a souligné, entre autres réalisations, la mise en place d’une commission nationale et la fourniture d’une aide juridique aux citoyens.
Hakainde Hichilema, Président de la Zambie, a signalé une perturbation de la production agricole causée par la pandémie et a souligné la nécessité d’explorer des solutions innovantes en matière de technologies de l’information et de la communication (TIC) pour combler le fossé en matière de prestation de services, en particulier dans les secteurs de la santé et de l’éducation.
Emmerson Dambudzo Mnangagwa, Président du Zimbabwe, a parlé de réformes financières et institutionnelles visant à promouvoir un accès équitable à des services sociaux et à une protection sociale de qualité, à déployer des vaccins gratuits et à améliorer la gestion durable des terres et des ressources en eau pour stimuler la productivité agricole.
Asie Pacifique: David Kabua, Président des Îles Marshall, a déclaré que les vulnérabilités que connaissent habituellement les petits États insulaires en développement (PEID), y compris l’accès aux services essentiels, ont été exacerbées par la pandémie, et a signalé que cette situation s’est maintenant aggravée par d’autres défis pour le bien-être de la population, y compris les effets néfastes du changement climatique. C’est pourquoi les Îles Marshall se sont lancées dans l’approche «Une seule nation» pour faire face aux multiples risques et mesures d’adaptation de manière intégrée, a-t-il ajouté.
Suga Yoshihide, Premier ministre du Japon, a déclaré que la coopération internationale et l’innovation étaient nécessaires pour mieux reconstruire, mettant l’accent sur la mise en place de systèmes de santé plus résilients, pour une protection universelle de santé et de sécurité humaine, ainsi que sur l’augmentation de la numérisation, pour la réalisation de l’égalité des genres et l’amélioration de la sécurité alimentaire, à travers des pratiques agricoles modernisées.
Prayut Chan-o-cha, Premier ministre thaïlandais, a déclaré que la pandémie a révélé les vulnérabilités existantes et que la Thaïlande vise à ne laisser personne de côté en améliorant les allocations budgétaires pour la santé, en particulier pour les personnes âgées, et en comblant la fracture numérique et en utilisant des pratiques agricoles innovantes.
Amérique latine et Caraïbes: Soulignant la nécessité d’une relance équitable, Luis Alberto Arce Catacora, Président de la Bolivie, a déclaré qu’une voix unanime pour sauvegarder la justice sociale est indispensable, ainsi que la diversification économique, la création d’emplois, la répartition équitable des revenus, la protection de la Terre Mère, la garantie de l’accès aux soins et à l’alimentation et la lutte contre le changement climatique.
Iván Duque Márquez, Président de la Colombie, a déclaré que le Programme 2030 est le modèle d’une relance durable, ajoutant que la Colombie continue de travailler en faveur des ODD en les intégrant dans tous ses plans et politiques de développement, comme indiqué dans sa troisième ENV et dans son objectif ambitieux de sa Contribution déterminée au niveau national (CDN) pour atteindre une réduction de 51% des gaz à effet de serre d’ici 2030.
Miguel Díaz Canel Bermúdez, Président de la République de Cuba, a souligné que certains des principaux obstacles à la réalisation des ODD ont été exacerbés pendant la pandémie, notamment les inégalités économiques et l’exclusion sociale. Il a appelé à une action ciblée dans ces domaines, ainsi qu’à une coopération et une solidarité Sud-Sud renforcées qui pourraient aider à surmonter ces défis. Il a appelé à la levée du blocus, qui est le principal obstacle à la réalisation des ODD à Cuba. En tant que «révolutionnaires, nous sommes optimistes», a-t-il conclu.
Alejandro Giammattei Falla, Président du Guatemala, a identifié 10 priorités nationales de développement, affirmant que riposter à la pandémie nécessite de mettre davantage l’accent sur: de nouveaux modèles de financement; l’amélioration de l’accès aux vaccins; la lutte contre les impacts du changement climatique, y compris sur l’eau et la sécurité alimentaire ; et la protection des populations vulnérables.
Mohamed Irfaan Ali, Président de la Guyane, a fait observer que malgré l’impact supplémentaire de la pandémie sur les défis existants auxquels sont confrontés les PEID, la communauté internationale ne devrait pas être distraite de la réalisation des ODD. Inverser ces évolutions nécessitera la détermination et le soutien de la communauté internationale, a-t-il ajouté.
Laurentino Cortizo Cohen, Président du Panama, a déclaré que le plan stratégique du pays, aligné sur les ODD, est axé sur: l’inclusion, le renforcement de la démocratie, une vision commune pour l’égalité des chances, la transformation pour un développement durable et des mesures pour une reprise accélérée compte tenu des impacts de la pandémie.
Europe: János Áder, Président de la Hongrie, a décrit les réalisations en matière de santé, notamment la vaccination de 60% de la population, l’expansion de la capacité d’énergie renouvelable et les plans d’une Exposition sur la durabilité de la Planète à Budapest (29 novembre - 5 décembre 2021).
Gitanas Nausėda, Président de la Lituanie, a appelé à investir dans la neutralité climatique et a décrit le programme national de gestion du changement climatique de son pays comportant un engagement en faveur de la neutralité climatique d’ici 2050.
Gian Carlo Venturini et Marco Nicolini, Capitaines Régents, Saint-Marin, évoquant la crise rare de la pandémie, ont appelé à une accélération des ripostes aux défis les plus graves posés au monde en utilisant les principes qui sous-tendent les ODD. Ils ont annoncé que Saint-Marin s’efforce de devenir l’un des premiers pays à bilan carbone négatif.
Mette Frederiksen, Premier ministre du Danemark, a fait remarquer que «la Décennie d’action nécessitait plus d’action». Elle a décrit la transition énergétique verte du Danemark, déclarant qu’elle s’attaque au changement climatique et contribue à la création de millions d’emplois. Soulignant que la pandémie a clairement révélé notre co-dépendance, Frederiksen a souligné la nécessité d’un système multilatéral fort assorti d’un leadership politique apte à relever les défis mondiaux émergents.
Angela Merkel, Chancelière, Allemagne, a décrit la pandémie comme pouvant s’avérer une opportunité de rendre la vie plus durable et d’accélérer la mise en œuvre des ODD. Elle a qualifié le changement climatique de défi d’équité intergénérationnel, qui se reflète désormais dans l’ambition accrue de l’Allemagne pour la neutralité carbone d’ici 2045.
Pedro Sánchez Pérez-Castejón, Premier ministre espagnol, a présenté la deuxième ENV du pays, soulignant les efforts visant à renforcer le pacte politique et social de l’Espagne pour réduire les inégalités sociales et respecter ses engagements en matière d’action climatique et environnementale. Il a fait écho aux appels à accroître le soutien financier aux pays vulnérables dont les progrès ont été érodés par la pandémie.
Stefan Löfven, Premier ministre suédois, a décrit son pays comme étant une voix forte pour la mise en œuvre mondiale du Programme 2030, notant que les ODD sont notre feuille de route pour parvenir à «plus, et pas moins, de coopération» après la pandémie. Il a déclaré que la collaboration avec quatre villes suédoises et associations de gouvernements locaux de villes et de régions dans l’élaboration de la deuxième ENV du pays a clairement révélé que la plupart des progrès des ODD se produisent au niveau local, et a souligné le rôle des «partenariats axés sur la mission» dans le maintien de la dynamique sur le terrain.
Pleins feux sur les parcours et les partenaires
Connectivité: Réduire la fracture numérique: Ouvrant le débat, le Modérateur Sherwin Bryce-Pease a souligné l’importance de la connectivité numérique pour la réalisation des ODD, la qualifiant d’«ODD Zéro».
Paula Ingabire, Ministre de l’Information, de la Communication, de la Technologie et de l’Innovation, Rwanda, a décrit les réalisations de son pays dans le domaine de l’inclusion numérique dans la processus de l’économie du savoir. Elle a souligné que la majorité des personnes non connectées dans le monde résident en Afrique.
Bill Tai, Président et co-fondateur d’ACTAI Global, une coalition d’athlètes, de défenseurs de l’environnement, de technologues, d’artistes et d’innovateurs, a décrit le rôle catalyseur de la connectivité pour l’éducation et a parlé de la baisse des coûts marginaux des infrastructures et du rôle des partenariats public-privé.
Doreen Bogdan-Martin, Directrice de l’Union internationale des télécommunications, a rappelé qu’elle et d’autres avaient appelé à un ODD numérique dédié à ce domaine, désormais appelé «ODD invisible». Elle a décrit les plans visant à connecter toutes les écoles et a souligné le rôle crucial de la connectivité pour remettre les ODD sur la bonne voie.
L’impératif de l’égalité des genres: Sima Sami Bahous, Directrice exécutive d’ONU Femmes, a souligné que l’égalité des genres et les objectifs d’autonomisation font partie intégrante de tous les aspects du développement durable, y compris dans les priorités concurrentes telles que la santé, l’éducation et la justice. Elle a affirmé que le fardeau supplémentaire imposé aux femmes et aux filles pour l’essentiel des responsabilités ménagères pendant la pandémie a eu un impact encore négatif sur leurs chances pour rechercher des opportunités d’emploi.
Melinda French-Gates, Co-présidente et Administratrice de la Fondation Bill et Melinda Gates, a indiqué que la COVID-19 a mis à nu les inégalités structurelles qui existaient déjà dans la société, affirmant que les femmes vont perdre 2 millions d’emplois cette année, nombre qui viendra s’ajouter aux 13 millions de femmes actuellement sans emploi. Elle a déclaré que pendant les confinements, le travail non rémunéré et les charges de soins ont augmenté tandis que les opportunités d’emploi pour les femmes ont diminué. Elle a mentionné trois groupes de mesures qui peuvent aider à alléger le fardeau du travail non rémunéré pour les femmes, notamment:
- De l’argent, par le biais de systèmes de protection sociale ciblés pour les femmes;
- Des soins, par le biais de subventions qui reflètent la contribution non rémunérée des femmes à la sécurité familiale, y compris pour les enfants et les personnes âgées; et
- Des données, à travers l’amélioration qualitative et quantitative de la production de données ventilées pour identifier les écarts de parité entre les genres et les vulnérabilités.
Au cours du débat qui a suivi, French-Gates et Bahous ont présenté des réflexions sur les obstacles persistants, ainsi que sur les opportunités émergentes permettant de tirer parti des contributions des femmes. Ils ont souligné l’importance de:
- Tirer parti de la dynamique créée par le Forum Génération Égalitaire pour intégrer les besoins des femmes et des filles dans les politiques et la mise en œuvre de la réponse à la pandémie;
- Localiser les ODD et intégrer les besoins des communautés dans les processus politiques nationaux; et
- Accroître la disponibilité de données ventilées par genre dans tous les secteurs.
En discutant de la réaction des femmes à des vents contraires tels que l’augmentation de la violence domestique ou la «pandémie de désinformation», Bahous et French-Gates ont mis en lumière certaines bonnes pratiques du monde entier, notamment: «les femmes parlent» ; des exemples de pays qui fournissent aux femmes des téléphones portables pour recevoir des transferts monétaires directs et un accès au crédit ; utilisation des systèmes de passation des marchés publics pour encourager les petites productrices à fournir des aliments sains; et des efforts, en Afrique du Sud et ailleurs, pour créer des espaces sûrs et innovants dans lesquels les femmes peuvent signaler la violence domestique dont elles seraient victimes.
Jeunesse en action: Façonner l’avenir maintenant! Modérée par Juju Chang, cette session a comporté des interviews filmées de jeunes leaders et d’entrepreneurs sociaux.
Vladislav Kaim, membre du Groupe consultatif des Jeunes sur la lutte contre le changement climatique, relevant du Secrétaire général des Nations Unies, Moldavie, a décrit son travail sur la promotion d’emplois verts afin que les jeunes puissent retrouver la dignité du travail après la pandémie, et a souligné que les jeunes ne sont «pas l’avenir mais le présent». Il a mis en garde contre une approche festive auprès des jeunes parce que leurs contributions sont souvent forcées de compléter les échecs du leadership aux plus hauts niveaux. Kaim a ajouté que les échecs de vision du gouvernement placent parfois les jeunes dans la position de devoir assumer des responsabilités de leadership en l’absence de ressources suffisantes, avec des implications pour leur bien-être et leur santé mentale.
Yande Banda, Présidente de Transform Education, Zambie, a appelé à une participation significative des jeunes qui va au-delà des affiches et des slogans. Elle a exigé davantage d’opportunités de co-création et de partenariats pour les organisations et mouvements dirigés par des jeunes et des filles, y compris la poursuite de la justice en matière de genre. Banda a également appelé à l’intégration systématique des jeunes aux postes de pouvoir et à l’éradication des environnements hostiles qui perpétuent le patriarcat, étayés par une éducation transformatrice, tenant compte du genre et du climat. Soulignant la présence du Président zambien à l’Assemblée générale des Nations Unies, elle l’a appelé à nommer un conseiller spécial sur les enfants et les filles.
Localiser les ODD: Livrer pour et avec les gens: Cette session de mise en lumière a souligné l’existence d’opportunités offertes et de défis posés aux ODD tant par les villes, que par les villages et par les centres urbains. Elle a également parlé du lancement de la «coalition ‘Local2030’», une initiative visant à combler le fossé entre les gouvernements locaux et les parties prenantes et les processus des Nations Unies sur les ODD.
Giorgio Marrapodi, Italie, a exprimé son soutien à la coalition «Local2030» qui soutient la concrétisation des ODD sur le terrain, mettant l’accent sur celles qui sont les plus en retard. Il a indiqué que Local2030 soutient les dirigeants locaux dans l’incubation et le partage de solutions collaboratives, la levée des goulots d’étranglement et la mise en œuvre de stratégies qui font progresser les ODD au niveau local.
Yvonne Aki-Sawyer, Maire de Freetown, Sierra Leone, a parlé de son expérience en matière de localisation des ODD à Freetown à travers une approche combinée descendante et ascendante. Elle a souligné que la création d’un espace pour l’engagement communautaire et les interventions au niveau local aide à identifier et à surmonter les obstacles posés à la mise en œuvre et facilite le dialogue entre les niveaux national et local.
Patricia Miranda Menezes, Rede ODS, Brésil, une organisation communautaire de base, a déclaré que le Programme 2030 ne peut être réalisé sans la participation locale et municipale, a souligné l’importance du réseautage pour impliquer tous les acteurs nécessaires et échanger les expériences, et a indiqué que des modalités de communication efficaces sont importantes pour la transmission de la signification des ODD, à la majorité des gens.
Dans le débat qui a suivi, Marrapodi a décrit la façon dont la localisation des ODD a été envisagée lors d’une réunion des ministres du développement au G20 - la première du genre - et comment le multilatéralisme peut contribuer au partage d’expériences et de bonnes pratiques. En réponse, Aki-Sawyer a souligné qu’il est également important de noter les différences entre les localités dans les pays en développement et celles dans les pays développés, et que ces spécificités doivent être prises en compte, ainsi que les besoins en matière de financement, afin de «ne laisser vraiment personne derrière» Menezes a ajouté que diffuser autant d’informations que possible sur le Programme 2030 est nécessaire pour engager les acteurs et changer le comportement des gens.
Institutions efficaces et inclusives pour la justice, l’égalité et la confiance: Le segment s’est ouvert par un «TEDTalk virtuel» de Cat Tully, Fondatrice de la School of International Futures, décrivant comment pérenniser les institutions pour accélérer la mise en œuvre des ODD. Tully a présenté trois idées pratiques pour créer des «institutions plus justes»: évaluer les politiques pour leur impact intergénérationnel; mettre en place un mécanisme de contrôle efficace doté des capacités, entre autres, d’évaluation des évolutions et créer des réseaux institutionnels capables «d’écouter et agir» ; et ouvrir véritablement les processus nationaux de planification des ODD aux citoyens afin de ré-imaginer et de co-créer un avenir commun.
Dans le dialogue modéré qui a suivi, Wayne Henry, Directeur général de l’Institut de planification de la Jamaïque, a expliqué ce qu’il fallait pour rallier diverses institutions et divers acteurs de la société civile autour de la stratégie Vision 2030 du pays. Il a identifié le rôle des groupes de travail participatifs et la mise en œuvre ininterrompue à travers une série de cadres d’action à moyen terme, comme autant d’éléments importants pour le succès.
Faisant observer que «les communautés sont puissantes», Pupul Bisht, Fondateur de ‘Decolonizing Futures Initiative’, a souligné l’importance d’exploiter le pouvoir de l’imagination collective. Elle a indiqué qu’au lieu de ralentir les progrès, un tel engagement peut aider les décideurs à trouver des solutions à des problèmes complexes et constitue une condition préalable à la localisation des ODD.
Salil Shetty, Vice-président, Programmes internationaux, Open Society Foundations, a souligné le caractère inégal de la progression vers les ODD dans les différents pays et les différentes régions. Citant le cas de l’Inde, il a ajouté que si «les enfants ne connaissent peut-être pas les ODD, ils savent qu’ils devraient avoir des droits nonobstant leur statut social». Faisant observer que plus de 100 pays ont introduit des mesures d’urgence liées à la pandémie pour restreindre les libertés civiles, Shetty a souligné que pour engager des réformes aux niveaux national et multilatéral, la question n’est pas tant de savoir si les gens font confiance à leur gouvernement, mais plutôt si «les gouvernements font confiance à leur propre peuple».
Qualifiant les ODD de parfait exemple d’«ambition radicale tournée vers l’avenir», Tully a regretté que les outils de gouvernance soient à la traîne. Bisht a appelé à de nouveaux narratifs et canaux de communication qui «changent l’histoire de l’avenir».
Réflexions et perspectives
Mari Pangestu, Directrice générale des politiques de développement et des partenariats, Banque mondiale, a décrit l’ampleur du programme anti-COVID de la Banque, mettant en exergue les partenariats et le financement. Elle a indiqué que la reprise sera limitée par un certain nombre de facteurs et, notamment, par l’augmentation de la vulnérabilité de la dette, et a appelé à un «changement de paradigme» qui reconnaîtra les liens entre le dérèglement climatique, la COVID et la pauvreté si l’on veut qu’une décennie perdue soit évitée.
Inger Andersen, Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a averti que les dépenses de relance ne sont pas déployées de manière à aider à faire face aux multiples crises dans le monde, et a appelé les pays du G20 à prendre des engagements spécifiques sur le changement climatique et le financement. Andersen a appelé les banques centrales et les systèmes bancaires à comprendre les tensions liées au changement climatique, y compris les actifs bloqués.
Elliot Harris, économiste en chef des Nations Unies et secrétaire général adjoint au développement économique, a salué l’engagement indéfectible des gouvernements envers les ODD et envers l’initiative «Ne laisser personne de côté», malgré les défis déclarés d’un espace budgétaire limité et d’une dette importante. Il a souligné le rôle des partenaires étrangers dans la résolution des problèmes liés à l’espace fiscal et à l’accès aux vaccins, et a mis en exergue les actions qui peuvent également être prises au niveau national, dont notamment la réforme des subventions.
Solange Maria Pinto Ribeiro, Directrice générale adjointe de Neoenergia et Vice-présidente du Conseil du Pacte mondial des Nations Unies, a souligné l’engagement des gouvernements en faveur d’une réponse mondiale étant donné le besoin de coopération et de solidarité pour garantir la réalisation des ODD et de l’Accord de Paris.
Les orateurs ont souligné le droit des Jeunes à contester le statu quo.
Perspectives de la société civile: Stefano Plato, Coordinateur, Groupe de financement de la société civile pour le développement, a regretté que les discussions n’aient pas présenté un plan clair permettant de rompre avec le système multilatéral actuel qui est encore dominé par le Nord. Affirmant qu’aucune poussée des ODD ne fonctionnera sans un engagement en faveur de réformes systémiques omniprésentes, il a appelé à la «décolonisation de l’économie mondiale» en redonnant le pouvoir à l’ONU «où nous avons tous un siège autour de la table». Il a, en outre, plaidé en faveur d’une conférence sur le suivi du financement du développement afin d’explorer cinq domaines de réforme permettant: de transférer la prise de décision financière aux Nations Unies pour élargir l’espace budgétaire des pays en développement; d’évaluer les risques systémiques d’un secteur financier non réglementé ; traiter les impacts sur le développement des cadres de commerce et d’investissement; de réduire l’accent mis sur le financement privé en ré-examinant les engagements publics de l’APD ; et, d’assurer une gouvernance démocratique des TIC.
Mark Kato Nabimany, Fellow, International Disability Alliance, a souligné comment la pandémie limite les opportunités déjà rares pour 15% de la population mondiale. Affirmant que les personnes vivant avec un handicap ont beaucoup à contribuer à un rétablissement inclusif, il a appelé à une éducation plus adaptée. Il a également appelé à des programmes de formation professionnelle et de protection sociale pour permettre aux personnes handicapées de concourir pour un emploi et d’accroître leur indépendance.
Ayman Babar, chercheur, Roots for Equity, a souligné l’impact disproportionné de la pandémie sur les petites agricultrices sans terre. Elle a mis en garde contre le fait de pousser les intérêts des entreprises en réponse à l’urgence climatique, précisant que ceux-ci ouvrent la voie à une agriculture industrielle qui coopte les savoirs autochtones, contribue à l’accaparement des terres et prive les communautés rurales de leurs ressources. Elle a décrit comment l’agriculture industrialisée poursuivie par les intérêts des entreprises promeut des pratiques non durables d’utilisation des terres, telles que le passage de cultures vivrières locales diversifiées et résistantes au climat à des cultures de biocarburants et de rente, exacerbant davantage l’insécurité alimentaire et provoquant la dislocation et la perte de moyens de subsistance.
La voie à suivre
Au cours d’une brève réunion de clôture, Amina Mohammed, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, et Jeffrey Sachs, Conseiller spécial du Secrétaire général sur les ODD, ont engagé une discussion modérée sur la manière de faire avancer la mise en œuvre du Programme 2030. Mohammed a déclaré qu’une partie de la réponse réside dans l’intensification des solutions et du financement qui se sont avérés efficaces, ainsi que dans le comblement du fossé intergénérationnel afin de permettre aux jeunes de «s’essayer au volant», d’ouvrir l’espace pour plus de solutions prospectives et innovantes. Elle a également déclaré que nous devons «arrêter de mal penser en faveur des pauvres» et croire qu’eux aussi pourraient atteindre un niveau d’ambition élevé s’ils disposaient des moyens et des appuis nécessaires.
Sachs a reconnu que les problèmes sont importants et qu’ils impliquent d’énormes efforts de coordination, c’est pourquoi «le rythme n’est pas assez rapide». D’autre part, il a indiqué que les ODD captivent vraiment l’imagination des gens et que, tôt ou tard, le rythme s’accélérerait en raison de la dynamique découlant de l’intérêt véritable que portent les gens pour les ODD.
Le Moment des SDG s’est clôturé à 17 h 12 HAE (UTC-4) sur une note d’espoir que «Le progrès est possible» avec une reprise du clip de BTS présenté lors de la séance d’ouverture.
Brève analyse du Moment des ODD
«Nous n’avons pas à nous inquiéter
Parce que quand nous tombons, nous savons comment atterrir (nous savons comment atterrir)
Pas besoin de parler, mais juste de marcher ce soir
Parce que nous n’avons pas besoin de permission pour danser».
(BTS, Permission de Danser)
Le deuxième Moment des ODD a été un rassemblement virtuel de contrastes. En signe du temps de la COVID-19, l’événement a été diffusé sur plusieurs plateformes à partir d’un nouveau studio impressionnant, financé par les Pays-Bas, au siège des Nations Unies à New York. Deux animateurs professionnels, Juju Chang (ABC News) et Sherwin Bryce-Pease (South African Broadcasting Corporation), ont donné du rythme et du dynamisme à une série de groupes de discussions thématiques qui ont marqué un contraste avec les interventions plus conventionnelles des chefs d’État et de gouvernement cherchant à défendre la pertinence continue du Programme 2030 et des Objectifs de développement durable (ODD) face à une pandémie mondiale et à de multiples crises d’ordre écologique et social. Les échanges au sein des groupes de discussions se sont déroulés dans un «style à la Davos» avec nombre de questions d’approfondissement élaborées par des présentateurs bien informés, menant parfois à des moments forts au cours desquels certains participants ont lancé des défis pointus aux gouvernements.
Les conférenciers ont été mis à l’épreuve dans une série d’entretiens sur les questions de connectivité et de fracture numérique (un thème qui, selon certains défenseurs visionnaires, aurait dû faire l’objet d’un ODD lors des négociations de l’ensemble), de justice en matière de genre, de leadership des jeunes, de localisation et de réalisation des ODD et de renforcement institutionnel efficace. Le travail préparatoire intensif du Secrétariat dans l’identification des participants a semblé avoir porté ses fruits, ayant innové en termes d’engagement citoyen direct dans l’espace de l’Assemblée générale des Nations Unies. Le nouveau format rafraîchissant devrait créer un précédent pour les futurs Moments des ODD et autres conférences des Nations Unies.
L’investissement dans de nouveaux actifs de production combiné à la participation spectaculaire du groupe sud-coréen de K-Pop, BTS, a conduit un nombre sans précédent de jeunes à se tourner vers YouTube pour l’intervention du groupe dans la salle de l’Assemblée générale (6,5 millions de vues) et le clip enregistré à l’intérieur et autour du siège des Nations Unies (11 millions de vues). Le groupe a également apporté son appui à une campagne sur les réseaux sociaux baptisée #keepingthepromise, invitant les gens à s’engager pour une citoyenneté active et la création d’un monde meilleur.
Les organisateurs du Moment des ODD sont conscients que les ODD manquent d’un «processus approfondi» permettant d’engager et d’encourager les réponses gouvernementales. Les évaluations nationales volontaires (ENV) sont considérées comme un mécanisme de responsabilisation relativement faible, de sorte que la COVID a, paradoxalement peut-être, présenté une opportunité de tirer parti d’une attention renouvelée des gouvernements. En d’autres termes, la justification des ODD n’a jamais été aussi claire pour les gouvernements et pour la société civile, car la COVID a exposé et dramatisé, en temps réel, les inégalités et les fractures de notre système international, et les échecs à adopter des approches holistiques de la santé publique. Il existe des preuves limitées de cette riposte à la COVID ou de cette solidarité avec la récente décision multilatérale sur les droits de tirage spéciaux.
Un thème récurrent tout au long de la journée était une démonstration sans faille de la confiance, chez certains, que les ODD représentent une opportunité de recadrer la riposte mondiale à la COVID-19 dans un esprit d’équité, d’inclusion et de progrès accéléré vers le développement durable. D’autres, en revanche, ont insisté pour attirer l’attention sur les preuves de l’expérience en temps réel de la pandémie, que les inégalités et les fractures profondes restent à l’ordre du jour. Comme l’a fait remarquer un intervenant, certains pays développés connaissent un «embarras de la richesse vaccinale» tandis que de vastes pans de la population mondiale en sont privés dans un système d’«apartheid vaccinal» accompagné, en Afrique, d’un endettement sans précédent et du risque d’une nouvelle «décennie perdue».
L’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Achim Steiner, a souligné qu’avant la pandémie, le monde faisait des progrès notables, avec les gains les plus importants dans l’industrie, l’innovation et les infrastructures (ODD 9) et dans la réduction de la pauvreté (ODD 1). L’indice de pauvreté multidimensionnelle du PNUD a montré que 271 millions de personnes étaient sorties de la pauvreté rien qu’en Inde en seulement dix ans. Les observations du conférencier Salil Shetty, Open Society, reflétant son travail avec les communautés rurales en Inde, contrastaient fortement avec les conclusions antérieures du PNUD. Shetty a décrit l’existence de «deux mondes» en Inde: l’Inde connectée d’un grand nombre de milliardaires et l’Inde aux inégalités croissantes dans laquelle il y a un quasi-effondrement de la confiance dans le gouvernement à la suite de sa réponse à la COVID. Conformément aux tendances de longue date d’accroissement des inégalités, ce sont encore les femmes qui ont fait les frais de la pandémie de COVID.
Claire Casey, The Economist Group, a signalé aux participants que cinq années de progrès sur les ODD ont été anéanties en seulement 18 mois, avec environ 97 millions de personnes qui ont replongé dans la pauvreté.
Le Moment des ODD a appris que la pandémie avait eu un impact disproportionné sur les femmes, en raison de la charge accrue du travail non rémunéré et de son impact sur la participation des femmes au marché du travail. Même avant la pandémie, la participation des femmes au marché du travail n’était que de 47%, contre 72% pour les hommes. La pandémie a exacerbé ces tendances et, dans l’état actuel des choses, il pourrait falloir 40 ans pour atteindre la parité hommes-femmes.
Des mondes séparés – bougez, bougez….
L’attente est terminée
Le moment est venu, alors faisons les choses correctement (BTS)
Le contraste le plus intrigant et le plus révélateur de la journée a peut-être été marqué par l’arrivée de Moon Jae-in, Président de la République de Corée, accompagné de son Envoyé spécial pour les générations futures et la culture, le phénomène mondial de la musique et des médias sociaux, BTS, un groupe de K-Pop sud-coréen de sept membres, également connu sous le nom de «Bangtan Boys». L’impact de leur base de fans ARMY (‘Adorable Representative M.C. for Youth’) a été immédiatement visible dans leur prise de contrôle de la section des commentaires du livestream YouTube de l’ONU. Depuis la salle de l’Assemblée générale des Nations Unies, les membres du groupe ont annoncé qu’ils étaient venus au Moment des ODD pour partager les histoires des générations futures, racontant leurs échanges avec des jeunes du monde entier durant la pandémie. Ils ont décrit l’avenir comme étant «un territoire inexploré où nous, plus que quiconque, passerons notre temps». Refusant l’étiquette de «génération perdue de la COVID», ils ont imploré les dirigeants de ne pas «parler comme si la fin était écrite». L’apparition du groupe BTS est le résultat d’un effort extraordinaire de la part des organisateurs du Moment des ODD qui ont passé des mois à naviguer et à négocier les implications pour la réputation, l’aspect juridique et la situation pandémique. Les membres du groupe sont arrivés entièrement vaccinés et le travail a porté ses fruits à travers la sensibilisation d’un nouveau groupe démographique mondial connecté.
La symbolique intergénérationnelle d’un chef d’État introduisant des idoles de la pop sur la première scène de la gouvernance mondiale a donné le ton à l’un des thèmes dominants du Moment des ODD: la solidarité intergénérationnelle et les demandes pressantes des jeunes leaders.
La porte-parole des ODD, Valentina Muñoz Rabanal, s’est tranquillement mise en devoir de contester l’idée que les enfants peuvent être privés d’une voix dans les décisions concernant leur avenir simplement parce qu’ils n’ont pas le droit de vote. Citant les exemples de Greta Thunberg et Malala Yousafzai, Rabanal a insisté sur le fait qu’il n’y a pas de condition d’âge pour changer le monde et a appelé à de nouvelles formes de participation et d’influence politique dans lesquelles les enfants et les adolescents peuvent être plus que de simples spectateurs, et dans lesquels ils peuvent devenir des protagonistes du changement. Elle a invité ses auditeurs à transformer les tables de dîner en famille – où les enfants apprennent d’abord à être vus et non entendus – en «tables de décision» où ils peuvent apprendre à penser politiquement et n’ont pas à demander la permission d’exprimer ce qu’ils pensent.
Vladislav Kaim, membre du Groupe consultatif des jeunes du Secrétaire général sur le changement climatique, Moldavie, s’est opposé aux notions conventionnelles, souvent condescendantes, de la participation des jeunes. Il a également mis en garde contre certaines opinions festives sur le leadership des jeunes dans le contexte du changement climatique et des ODD, soulignant que les contributions des jeunes sont souvent nécessaires pour compenser les échecs des cercles de leadership actuels. De plus, les jeunes qui assument des responsabilités de leadership, sans les ressources nécessaires, peuvent également subir des conséquences en termes de bien-être mental. Yande Banda, Présidente de Transform Education, Zambie, a renforcé l’appel à un engagement significatif et systématique avec les mouvements dirigés par des jeunes et notamment par des filles au lieu du recours à des affiches et des slogans. Les deux leaders de la jeunesse ont parlé au nom de 101 millions d’enfants tombés en dessous des capacités de lecture minimum en 2020 à cause de la COVID-19, et de bien d’autres.
Le Moment des ODD a également abordé les manières dont les ODD peuvent se connecter aux programmes locaux ou axés sur le lieu, car les espaces locaux sont en fin de compte les sites clés de la livraison et du développement. En Amérique latine, cela est mieux compris et développé dans les notions de «cosmovision». Certains intervenants ont indiqué que la création d’un espace de dialogue local-mondial peut avoir un double avantage en fournissant un cadre pour la politique de développement au niveau local et en éclairant le niveau mondial sur les véritables défis et préoccupations sur le terrain.
Jeffrey Sachs, Conseiller spécial du Secrétaire général sur les ODD, a souligné l’importance de la connectivité, de la communication et de l’information pour diffuser les ODD et captiver l’imagination du public. Cependant, la relation entre les revendications locales, souvent pluralistes et fondées sur des mouvements sur le terrain et les ODD, peut être comprise comme un échange à double sens beaucoup plus subtile. Comme l’a souligné un initié, «il ne s’agit pas là de transformer les ODD en célébrités».
Les demandes émergentes pour une approche «plurielle» du développement nous rappellent que ce sont les gouvernements et le système multilatéral qui ont souvent du mal à rattraper les approches appropriées et régénératrices pour être dans le monde et respecter la Terre Mère. Comme le demandent les voix latino-américaines et autochtones, il s’agit d’une vision postcoloniale d’un monde apte à contenir de nombreux mondes, et non d’un nouveau récit dominant. Ces compréhensions alternatives et stimulantes émergent au sein du système des Nations Unies dans des forums tels que les dialogues interactifs de l’Assemblée générale sur l’harmonie avec la nature, basés sur des appels à s’éloigner d’une vision du monde centrée sur l’humain ou «anthropocentriste». De nombreux pays et organismes gouvernementaux locaux ont déjà décidé d’inscrire les droits de la nature dans leurs codes constitutionnels et législatifs.
Prendre le «gouvernail» du leadership aujourd’hui
L’attente est terminée
Le moment est venu, alors faisons les choses bien
Ouais, on va continuer
Et restons debout jusqu’à ce que nous voyions le lever du soleil (BTS)
Les voix émouvantes de jeunes leaders, s’appuyant sur les appels à la justice de genre, se sont fait écho à travers le Moment des ODD, incitant la Vice-Secrétaire générale Amina Mohammed à demander comment nous pouvons utiliser leur énergie pour «faire la transition du leadership intergénérationnel». Avec Sachs, elle a présenté des réflexions sur la façon dont les jeunes ont fermement pris le gouvernail en main, quelque chose dont il faut se féliciter.
Les participants ont discuté des mécanismes permettant d’institutionnaliser cet engagement envers la solidarité intergénérationnelle («preuve pour l’avenir»). Ils ont été invités à examiner des exemples pratiques d’initiatives nationales répondant déjà aux appels des jeunes pour que les dirigeants d’aujourd’hui reconnaissent qu’ils doivent marcher aux côtés, écouter et s’engager avec les jeunes qui «passeront leur temps» dans «l’avenir que nous voulons» et qui vivront les conséquences de la prise de décision d’aujourd’hui. Cat Tully, Fondatrice de la School of International Futures, a souligné que la tension centrale au cœur du Programme 2030 et des ODD est sans doute le contraste qui persiste entre la conception de nos institutions économiques gouvernementales «descendantes et rétrospectives» et les demandes d’un changement radical, comme promis dans le récent rapport du Secrétaire général de l’ONU, ‘Notre programme commun’. L’affirmation selon laquelle les institutions dominantes d’aujourd’hui ont été conçues pour le monde d’hier et pour résoudre des problèmes du passé a été répétée tout au long de la session.
Le Moment des ODD a été le témoin de nombreuses discussions sur la nécessité d’un pivot, d’un changement de paradigme en termes de politique et d’orientation. Mais comme y ont fait allusion des séances de réflexions tout au long de la journée, la question reste de savoir: avec la richesse et le pouvoir mondiaux concentrés entre les mains de quelques-uns, ce Moment a-t-il insufflé le sentiment d’urgence nécessaire?
Comme l’a noté Stefano Plato, Coordinateur du Groupe sur le financement de la société civile pour le développement, «Aucune action en faveur des ODD ne fonctionnera sans un engagement en faveur de réformes systémiques omniprésentes». Cela faisait écho à un défi antérieur de Steiner, appelant le prochain sommet du G20 à faire preuve de détermination à réorienter «une fraction de la richesse mondiale» vers la concrétisation des ODD. Plato a assimilé cela à rien de moins qu’une «décolonisation de l’économie mondiale» à travers une conférence de suivi sur le financement du développement pour explorer les domaines fondamentaux de la réforme.
«Rayons d’espoir:» Vous voyez la lumière au bout du tunnel?
Ouais, on va continuer
Et rester debout jusqu’à ce que nous voyions le lever du soleil
Et on va dire (BTS)
Au Moment des ODD, il était clair que des progrès limités sur les ODD ont été durement acquis, inégaux et fragiles. La pandémie a mis à nu les inégalités structurelles qui existaient déjà avant 2015: les plus touchés ont été les pauvres, les femmes, les enfants et les jeunes, les peuples autochtones et les personnes âgées. Paradoxalement, la pandémie est désormais présentée comme une vision «2020» pour «tirer parti» des réformes jusqu’ici arrêtées et fragmentées, en vue de corriger enfin ces disparités avec des interventions ciblées, dont un renforcement des systèmes de protection sociale, un renouveau démocratique et l’engagement par la communication, l’accès à l’information et la connectivité. Comme l’a indiqué Claire Casey, Chargée des politiques et connaissances internationales, The Economist Impact, «Une nation qui fait échouer les femmes échoue.» Mais peut-être, plus largement, «une nation qui fait échouer son peuple et sa planète, échoue totalement». Le Moment des ODD a été un rassemblement de contrastes et, à bien des égards, le débat ne fait que commencer.