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Daily report for 6 February 2023

5th International Marine Protected Areas Congress (IMPAC5)

Cécile Tang, du Comité des jeunes professionnels de l’IMPAC5, a expliqué l’objectif du Comité de représenter et de faire germer les voix de la jeunesse dans le cadre de l’IMPAC5 et au-delà. Britt Wray, de l’Université de Stanford, a évoqué le concept d’éco-anxiété pour qualifier la peur chronique face aux catastrophes écologiques, mais en estimant aussi que cette éco-détresse peut être motrice d’un sens du devoir plus profond.

Dalee Sambo Dorough, de l’Université d’Alaska Anchorage, a retracé l’histoire du Conseil circumpolaire inuit en parlant du droit inaliénable des Inuits sur leurs territoires, et a évoqué également leurs droits de gérer ce territoire conformément à leurs valeurs, leurs connaissances et leurs traditions, en soulignant que la conservation marine est une action qui vise à assurer la souveraineté alimentaire et le respect des droits des Inuits à l’autodétermination.

Dans son émouvante présentation, Asha de Vos, de l’organisation Oceanswell, a dénoncé les systèmes coloniaux qui entourent la conservation des océans, en évoquant sa propre expérience d’avoir vu des chercheurs du Nord global « parachutés » dans les pays du Sud global pour y présenter leurs recherches sans participation équitable et sans laisser derrière eux de connaissances ou d’investissements pour le long terme.

Elle a souligné que les restrictions appliquée en matière de financement et de visas constituent des obstacles importants pour les chercheurs qualifiés des pays du Sud, en signalant que de nombreux collègues sont absents de cette conférence en raison de leur lieu d’origine. De Vos a appelé à décoloniser la science et le discours de la conservation, et a souligné qu’il est nécessaire d’avoir ces « inconfortables discussions ». Elle a terminé en disant que chaque littoral a besoin de héros au niveau local si nous voulons sauver les océans.

Impact des changements climatiques sur les AMP

Alex McDonald, de Parcs Canada, a animé la session. Steven Mana’oakamai Johnson, de l’Université de l’État de l’Oregon, a présenté ses travaux relatifs à la capture des effets multivariés du dérèglement climatique sur les écosystèmes marins, dont les conclusions indiquent que la plupart des grandes AMP connaîtront un écart par rapport à leurs conditions « normales ». Lee Hannah, s’exprimant au nom d’Isaac Brito-Morales de l’Université du Queensland, a présenté leurs travaux sur l’étude de la vitesse des changements climatiques en vue d’éclairer une planification intelligente face au climat en tenant compte des effets du dérèglement climatique sur la colonne d’eau.

Vincenzo Corelli, de l’Institut national de la recherche scientifique, a présenté son travail sur la création d’un cadre pour organiser ce que serait une action en faveur d’une gestion des AMP qui intégrerait l’aléa climatique.

Jennifer Munroe, de NEOM, a parlé des travaux menés dans le cadre du projet NEOM pour augmenter la séquestration et la réduction du carbone en Arabie saoudite.

Décoloniser le travail de plaidoyer des Organisations non-gouvernementales environnementales en matière de conservation marine et d’Aires marines protégées

Kate MacMillan, de la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP), a rappelé aux participants que les peuples autochtones ont géré leurs terres de façon effective avant que celles-ci ne soient connues sous le nom de Canada. Gwen Bridge, de Consulting LTD, a réfléchi au terme de « décolonisation » et a rappelé l’hypothèse inhérente aux systèmes occidentaux qui octroie aux humains l’autorité de prendre des décisions sur la nature, en ajoutant que les pratiques autochtones suivent une logique différente axée sur la conservation. Natalie Groulx, de la SNAP, a parlé des règlements qui suppriment des droits dans les territoires autochtones. Véronique Bussières, de la SNAP, a expliqué leur travail en étroite collaboration avec les communautés autochtones et leur souci d’établir des partenariats durables.

Un participant a posé des questions sur les efforts déployés par la SNAP pour modifier cette approche. Bridge a mis en lumière le développement de l’évaluation rapide de l’état de préparation à la réconciliation, qui comprend un apprentissage de la façon d’écouter les récits des peuples autochtones. Un autre participant a demandé comment assouplir les structures et les politiques pour permettre l’établissement de relations de confiance.

Solutions de conservation axées sur la technologie

Tammy Norgard, du Ministère de la pêche et des océans du Canada, a animé la séance. Frederick Whoriskey, du Réseau de surveillance des océans, a fait un exposé sur le suivi acoustique pour la surveillance des AMP dans les Maritimes, Canada. Amos Barkai, du groupe OLSPS, a parlé d’une nouvelle approche pratique et opérationnelle de la gestion holistique de la pêche.

Roanan DeMeyer, de l’Université de Victoria, a présenté certains résultats de ses recherches en cours pour contribuer à la base de référence sur la présence de cétacés et de navires dans la réserve d’aires marines nationales de conservation Gwaii Haanas à l’aide d’une analyse manuelle de la surveillance acoustique passive.

La salle dédiée à la voix de l’océan

Frank Murphy, de la Tetiaroa Society, a animé la séance. GwaaG̱anad Diane Brown, de la Nation Haida, a dit aux participants que « nous venons tous de l’océan, il est ce que nous sommes ». Soulignant le lien entre terre et mer, elle a parlé de l’horreur indescriptible de la perte d’espèces importantes pour le bien-être des communautés, et des dommages subis par l’océan à cause de décisions gouvernementales prises très loin du terrain.

λáλíya ̓ sila Frank Brown, de la Nation Heiltsuk, a parlé en l’honneur de ceux qui ont résisté aux efforts coloniaux d’homogénéisation et de destruction des cultures, des connaissances et des langues. Réfléchissant à la force de ses ancêtres dans la région, qui ont prévalu malgré le dérèglement climatique et la violence coloniale, il a déclaré que « nous continuons à mener le bon combat ».

Tamatoa Bambridge, du Centre national de la recherche scientifique, Polynésie française, a présenté le Forum et centre de ressources Rāhui, qui promeut une gamme de mesures de gestion visant à préserver durablement les écosystèmes coralliens en travaillant aux côtés des communautés.

Dan Hikuroa, Commissaire à la culture d’Aotearoa Nouvelle-Zélande, UNESCO, a souligné que l’océan est confronté à une crise qui menace son existence et que les peuples autochtones sont ceux qui montrent la voie pour y faire face. Il a souligné l’importance de développer une vision océanienne appuyée sur l’idée que l’océan a sa propre vie indépendante.

Aulani Wilhelm, de Conservation International, a souligné la nécessité d’ouvrir de nouvelles voies et de se reconnecter aux connaissances des ancêtres autochtones pour aider à trouver le moyen de faire face aux crises qui menacent l’océan.

Résistance à l’exploitation minière des fonds marins - Voix des peuples autochtones et des communautés locales à travers le Pacifique

La séance s’est ouverte par un appel aux ancêtres lancé par l’oncle Sol Kaho’ohalahala. Jessica Battle, du WWF, a pointé le discours selon lequel l’exploitation minière des fonds marins serait essentielle pour extraire des minéraux qui aideraient à lutter contre les changements climatiques, en affirmant que cela n’est pas vrai. Jonathan Mesulam, de l’Alliance des guerriers Solwara, a parlé d’un projet de plaidoyer contre l’octroi de licences d’exploitation minière dans les fonds marins de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Judith Sayers, du Conseil tribal Nuu-chah-nulth, a évoqué les difficultés pour amener les gouvernements à reconnaître qu’ils ont des territoires dans l’océan.

Alejandro Olivera, de AIDA, a évoqué une affaire relative à l’octroi de concessions et de permis pour un projet d’exploitation minière sous-marine en Basse Californie du Sud, qui impliquait des tactiques de corruption et d’intimidation de la part de la société demanderesse. Zeid Ra’ad Al Hussein, de l’Institut international pour la paix, a fait observer, en visant l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), que cette organisation censée être garante des droits est la même qui pose les menaces en matière d’exploitation minière des fonds marins. La discussion a été marquée par des interventions émues du public, dénonçant notamment: les pratiques de corruption et d’intimidation des entreprises concernant les permis miniers dans les Îles Cook ; la plainte déposée contre le gouvernement canadien sur la base de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones; et, la prise en compte des droits de la nature. Un participant a rappelé que l’AIFM a été créée dans les années 1990, lorsque les gens pensaient que les fonds marins étaient une friche aride, en estimant que nous avons désormais de meilleures connaissances et que nous devons changer ce système où une organisation unique détient le pouvoir d’accorder des droits miniers sur les fonds marins.

En finir avec les Parcs de papier

Emilie Reuchlin-Hugenholtz , de Doggerland, a martelé la nécessité d’AMP plus efficaces. Alexandra Barron, de la SNAP, a souligné la valeur de la cogestion et du leadership autochtone. Lance Morgan, du Marine Conservation Institute, a fait une présentation sur le réseau des AMP de Californie. Il a souligné la nécessité d’un leadership et d’une gestion solides, en phase avec la science, pour des résultats efficaces en matière de protection et de conservation. Rili Djohani, du Coral Triangle Center, a présenté l’étude de cas de l’AMP de l’île d’Autaro, en soulignant que pour passer d’un parc de papier à une AMP efficace, il convient de : renforcer la résilience de la gouvernance, l’appropriation locale, les partenariats axés sur les ressources, et les alliances.

La discussion qui a suivi a abordé certaines questions de gouvernance, de réglementation et de biodiversité, y compris les difficultés à faire respecter le périmètre des parcs de papier, l’examen et la mise à jour des législations, et la capacité d’engagement des parties prenantes.

Travailler ensemble pour conserver

Magena Warrior, de LGL Limited, a présenté une étude de cas sur les défis et opportunités pour la Nation Mi’kmaq de jouer un plus grand rôle dans la gouvernance des Aires marines protégées. Parmi les défis détectés: les obstacles systémiques ; une mauvaise compréhension; les conflits de pêche; les capacités; et la présence/absence des Mi’kmaq. Bec Borchert, de la kwilmu’kw maw- klusuaq (Initiative pour les droits de Mi’kmaq), a également présenté une étude de cas sur le banc Sainte-Anne, axée sur la pêche et les océans, qui portait spécifiquement sur les relations, et sur le besoin d’une gouvernance dirigée par les autochtones dans les AMP. Achare Elvis Ayamba, de la Environment & Food Foundation, a parlé de la valeur des peuples autochtones dans la gestion des AMP, et de son travail visant à sensibiliser sur une lacune importante dans la reconnaissance et le soutien aux systèmes de gouvernance et de plaidoyer autochtones dans les discussions politiques internationales concernant le travail de conservation. Sarah Mynott, de l’Université de Victoria, a présenté un projet au Brésil, où elle a utilisé des étudiants locaux pour livrer des questionnaires afin de recueillir des données sur les changements climatiques avec pour objectif d’identifier les besoins des communautés et de permettre l’échange de connaissances.

Paysages marins : le leadership communautaire et autochtone au cœur de la gestion des océans à grande échelle

Shannon Murphy, de Conservation International, a animé la séance. Kris Thebu, du Conseil traditionnel des chefs de Raja Amat, a parlé du travail de défense des équipes locales et des propriétaires traditionnels au Birds Head Seascape de Papouasie occidentale. Il a suggéré que les projets devraient toujours partir des préoccupations des populations, s’efforcer d’identifier les dirigeants locaux et permettre une approche de gestion adaptative, en soulignant que tous les problèmes ne peuvent pas être résolus en même temps. Christian Lavoie, de Conservation International, a présenté, au nom d’Ana Gloria Guzmán Mora, les programmes de rétablissement de la pêche et de gestion des mangroves dans le paysage marin du Pacifique tropical oriental, en soulignant l’interconnectivité entre l’océan, la culture et le bien-être humain. Semisi Meo, de Conservation International, a parlé de l’initiative Lau Seascape, en réfléchissant à la collaboration entre les chefs et aux tentatives de l’initiative d’améliorer l’intégrité culturelle, la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance durables en mobilisant les valeurs traditionnelles par le biais d’une approche « de la crête au récif » et « de l’hameçon à la cuisine ».

Travailler en faveur du 30x30

Paul Macnab, de Pêches et Océans Canada, a animé la séance. Benne Wölfing, de l’Agence fédérale allemande pour la conservation de la nature, a exposé l’efficacité d’un objectif de 30 % de superficie protégée en prenant les AMP de la mer du Nord allemande comme cas d’étude, et a souligné que chaque AMP est confrontée à des facteurs de stress différents et que sa gestion nécessite donc des solutions spécifiques. Jessica Couture, de Conservation International, a appelé à l’utilisation d’une approche de gestion adaptative dans l’élaboration et la mise en œuvre des plans de gestion des AMP.

Adele Pedder, de l’Australian Marine Conservation Society, a plaidé pour : un leadership politique, un leadership des Premières Nations, et un soutien bipartite ; agir en phase avec la science; et pour la collaboration entre juridictions afin d’atteindre l’objectif 30x30 en Australie.

Dans les couloirs

Par une matinée pluvieuse qui a retardé plusieurs participants, la quatrième journée a commencé par un appel à l’espoir, et a reconnaître qu’il est possible de trouver un sens dans cette époque de crises multiples. Même si l’IMPAC5 rassemble des centaines d’amoureux de l’océan d’horizons très variés, Asha de Vos a rappelé à l’auditoire les nombreux collègues absents de la salle en raison de leur origine, en affirmant que ce congrès se prive de leur expertise et de leurs expériences : « le monde est à vous... si vous avez un passeport solide et de l’argent ». En parcourant le site, entourés par l’art, l’artisanat et les produits locaux des représentants des Premières Nations, on ressent l’importance des enjeux en constatant la recherche acharnée de solutions à la gestion inefficace des AMP, souvent présentées au public sans la reconnaissance et le leadership appropriés des communautés qui se trouvent en première ligne de ces crises. Au-delà de la dichotomie globale Nord/Sud, Dalee Sambo Dorough nous a rappelé des enjeux plus proches des territoires qui nous accueillent, en soulignant l’impératif de trouver des moyens de coproduire des connaissances par le biais de méthodologies créatives et culturellement appropriées, et de processus éthiques et équitables, respectueux des droits autochtones à l’autodétermination, afin de surmonter –comme l’a dit Asha– le système défectueux du « parachutage » et de la science coloniale. Les fils Twitter, en réponse aux discours prononcés, montrent clairement que, outre la science et la politique, ce sont la santé mentale, la colonialité et l’égalité raciale qui doivent être abordées pour mener une conservation marine réellement efficace.

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