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Daily report for 8 February 2023

5th International Marine Protected Areas Congress (IMPAC5)

Hannah Stewart, du Secrétariat de l’IMPAC5, a présenté le thème de la journée : favoriser la conservation dans l’économie bleue. Patricia Scotland, Secrétaire générale du Commonwealth, a souligné que les fonds consacrés à la réalisation de l’Objectif 14 sur la vie aquatique sont les plus bas parmi les 17 Objectifs de développement durable.

Cloy-e- iss Judith Sayers, du Conseil tribal Nuu-chah-nulth, a souligné certaines des pratiques de la Première Nation Hupacasath, notamment la formation des jeunes aux pratiques de pêche traditionnelles, l’utilisation et la transformation de plantes, l’industrie des algues, la transformation du poisson, entre autres, toutes basés sur l’adage hishuk’ish tsawalk (« tout est un, tout est lié »), car « vous ne pouvez pas avoir d’économie bleue sans l’implication et le consentement des peuples autochtones ». Elle a critiqué certaines des pratiques du Canada qui nuisent au développement durable, telles que l’octroi de licences aux oléoducs, les faibles normes environnementales imposées aux navires de croisière, et la surpêche. Elle a appelé à la relance d’une économie conforme aux traditions des lois autochtones, car « si nous n’élevons pas la voix maintenant, nous n’aurons pas d’avenir ».

Titouan Bernicot, de Coral Gardeners, a raconté qu’après avoir été témoin d’un événement de blanchissement de corail à l’adolescence, il a commencé son parcours pour devenir jardinier de corail. En associant l’héritage de la Polynésie française et des technologies de pointe, sont organisation restaure les récifs, sensibilise et innove en permanence pour préserver l’océan et les récifs.

Gestion durable des pêches

Anthony Charles, de l’Université de Saint Mary’s, a décrit le rôle des communautés côtières et de la pêche à petite échelle, qui ont ouvert la voie au gardiennage de l’environnement et à la conservation marine.

Antonio Caló, de l’Université de Palerme, a évoqué le rôle des AMP dans la fourniture d’avantages écologiques évidents, même en présence de certaines activités extractives, telles que la pêche à petite échelle, tant qu’elles sont durables. Il a également souligné les avantages socio-économiques des AMP.

Juan Pablo Caldas, de Conservation International, a parlé du modèle commercial « EcoGourmet » pour promouvoir les chaînes de valeur entre les partenaires commerciaux et les organisations communautaires afin de développer la durabilité des ressources halieutiques.

L’impact d’un congrès IMPAC : le cas du Chili avec l’IMPAC4 en 2017

Diego Flores, du Ministère de l’environnement du Chili, a rappelé qu’il s’agissait du premier IMPAC organisé en Amérique latine et a souligné le défi pour un pays en développement d’organiser un événement mondial de conservation marine aussi pertinent. Il a souligné le Congrès comme une étape importante dans l’histoire chilienne et mondiale relative à la promotion des AMP, et a parlé de l’appel à l’action lancé lors de la réunion de haut niveau en tant que catalyseur pour le développement d’AMP dans le pays, la région et le monde.

Carolina Jarpa, The Pew Charitable Trust, soulignant le professionnalisme des personnes impliquées dans l’organisation de l’IMPAC4, a parlé des efforts pour faire preuve de respect envers l’identité des communautés locales et pour entendre leurs voix, ainsi que des mesures prises pour réduire l’empreinte environnementale de la réunion.

Yacqueline Montecinos, du WWF Chili, a évoqué l’opportunité offerte par l’IMPAC4 de démontrer le leadership des ONG en matière de conservation marine.

La discussion qui a suivi a mis en lumière des obstacles à la pleine participation en raison du manque de financement, de problèmes de visa, des frais d’entretien et des contraintes linguistiques. Une membre des Premières Nations a déploré que les organisateurs de l’IMPAC5 aient refusé la demande visant à annoncer publiquement une cérémonie traditionnelle d’observation de la pleine lune à l’extérieur du site de conférence, ce qui lui a laissé un sentiment d’exclusion de sa culture et son peuple.

Créer un écho océanique - Mobiliser un mouvement dirigé par des jeunes pour soutenir l’objectif 30x30

Maanit Goes, de EarthEcho, a donné un aperçu du travail de l’ organisation, y compris son Conseil de Leadership des jeunes, qui fournit un forum de discussion, de développement communautaire et de réseautage entre zones géographiques, et son travail de plaidoyer politique au Congrès américain. Il a souligné que la défense de l’environnement peut parfois être décourageante et que le renforcement des communautés aide à créer des conditions favorables, en rappelant aux jeunes leaders qu’ils ne sont pas seuls.

Bruna Valença, de EarthEcho, a parlé du mouvement dirigé par les jeunes et des efforts visant à renforcer le soutien à la réalisation de l’objectif 30x30 au Brésil, en évoquant les difficultés liées à des situations politiques défavorables.

Amy Kenney, de la National Ocean Protection Coalition, a rappelé aux participants que « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin », en déclarant que cet adage guide le travail de la coalition de construction d’espaces de pouvoir pour les jeunes dans le domaine de la conservation des océans.

Amelia Fortgang, de EarthEcho, a présenté son travail Connect to Protect, qui s’emploie à créer une communauté numérique pour l’action océanique des jeunes, encourageant les jeunes leaders à rejoindre le réseau GenSea pour se connecter et collaborer avec une communauté grandissante de défenseurs de l›océan.

Équité sociale et conservation marine

Nathan Bennett, de l’UICN, a appelé à être plus attentifs sur « comment » est menée la conservation marine, et des discussions de groupe s’en sont suivies sur l’existence de problèmes d’équité non abordés à l’IMPAC5, notamment : les barrières du patriarcat et du genre, les défis auxquels sont confrontés les jeunes immigrants, les barrières linguistiques et financières, les problèmes de visa qui entravent la participation, et l’inclusion raciale et le mois de l’histoire des Noirs. Le panel a ensuite examiné une série de sujets liés à l’équité dans la sphère de la conservation.

Danika Kleiber, de la National Oceanic and Atmospheric Administration des États-Unis, a parlé de féminisme intersectionnel et a souligné l’importance de la formation pour intégrer la diversité des langues, des cultures et des connaissances, parallèlement à la formation aux sciences naturelles.

Elise Huffer, de la Commission des politiques environnementales, économiques et sociales de l’UICN, a parlé de l’équité dans la production et la gestion des données, en partageant des idées sur l’inclusion des connaissances traditionnelles dans l’élaboration des politiques.

María José Barragán Paladines, de la Fondation Darwin, a expliqué que les histoires que nous partageons sur les zones riches en biodiversité –dans son cas les Galapagos– passent souvent sous silence les moyens de subsistance des êtres humains.

Philip Akins, du Partenariat pour la planification marine, a appelé à une éthique de la responsabilité dans la réflexion et la pratique de la gouvernance.

Nathalie Ban, de l’Université de Victoria, a souligné l’importance des approches qualitatives et narratives pour intégrer les perspectives et les connaissances des communautés locales dans la conservation marine, en se déclarant toutefois ouverte à l’idée que les AMP ne sont pas toujours l’approche la plus appropriée.

Aulani Wilhelm, de Conservation International, a attiré l’attention sur la dynamique du pouvoir dans les dialogues « inclusifs », en demandant « qui inclut qui ? », et en expliquant que souvent, pour les dirigeants sur le terrain, il ne s’agit pas d’autonomiser les gens, mais plutôt de se « mettre en retrait ».

Gina Waadluxan Kilguhlga : Leçons tirées de Gwaii Haanas pour la planification et la gestion des AMP

Ernie Gladstone, de Parcs Canada, a retracé l’histoire de la réserve Gwaii Haanas au cours des 30 dernières années. Soulignant la propriété comme une difficulté majeure, il a déclaré qu’en 2021, le Canada a reconnu le droit inhérente de propriété des haïdas sur la région. Cindy Boyko, du Conseil de la Nation Haïda, a reconnu que la réconciliation semble être la nouvelle voie, c’est-à-dire travailler ensemble, trouver un terrain d’entente et se comprendre les uns les autres.

Lynn Lee, de Parcs Canada, et Gwiisihlgaa Dan McNeill, du Comité consultatif intégré de Haida Gwaii, ont parlé du projet Chiixuu Tll iinasdll de restauration des forêts de varech, ancré dans l’éthique et les valeurs haïdas pour l’établissement de la confiance et des connaissances. Grant Dovey, de l’Underwater Harvesters Association, a présenté un projet sur la pêche commerciale à Gwaii Haanas, qui a élaboré une carte avec zonage pour la pêche commerciale en collaboration avec les pêcheurs et l’industrie de la pêche commerciale. Il a signalé que la possibilité de dialoguer et la discussion de compromis ont permis de développer une carte qui a créé beaucoup plus de prises et d’accès à la pêche, tout en atteignant des objectifs écologiques et économiques similaires.

Nang Jingwas Russ Jones, du Conseil de la Nation Haïda, a présenté un projet à Gwaii Haanas axé sur l’amélioration de la sécurité maritime et de la protection de l’environnement grâce à une collaboration renforcée visant à réduire les impacts et les conflits associés à la navigation commerciale dans les voies navigables locales.

Ella-Kari Muhl, de l’Université de Waterloo, a présenté certaines conclusions de ses études de doctorat qui mesuraient le co-développement d’indicateurs de gouvernance pour soutenir la mise en œuvre d’un plan terre-mer-peuple à Gwaii Haanas.

Finance durable pour les AMP

Valdemar Andrade, de la Turneffe Atoll Sustainability Association, a présenté l’étude de cas de la réserve marine de l’atoll de Turneffe, où, avec des fonds de Finance Bleue, un modèle commercial basé sur la collecte de revenus du tourisme durable pour soutenir le budget de la réserve a été développé.

Grace Gatapang, de la Blue Alliance Philippines, a évoqué son travail avec des fonds de Finance Bleue dans la partie nord-orientale de Mindoro pour améliorer la gestion et la durabilité financière des AMP en intégrant des approches scientifiques et communautaires, ainsi que des outils pour générer des revenus durables grâce à des projets touristiques de restauration des mangroves.

Masanori Kobayashi, de The Sasakawa Peace Foundation, a décrit la culture d’algues mozuku et la plantation de coraux à Onnason, Okinawa, comme une solution de Finance Bleue.

Torsten Thiele, du Global Ocean Trust, a souligné l’importance de la finance durable en tant qu’outil pour la haute mer.

Séance de clôture

Joyce Murray, Ministre de la pêche, des océans et de la garde côtière canadienne, notant qu’« il y a un élan à IMPAC5 », a exhorté tout le monde à protéger l’océan par le biais de processus dirigés par les autochtones.

Steven Guilbeault, Ministre de l’environnement et des changements climatiques du Canada, a exhorté tout le monde à plaider pour la protection des océans au-delà de ce congrès.

Melissa White, du Comité des jeunes professionnels de l’IMPAC5, reconnaissant leur héritage de devoirs, a déclaré que nous avons tous une mère, la Terre Mère, et que sans la voix des jeunes et les connaissances traditionnelles, nous ne réussirons pas. Sandra Schwartz, du SNAP, exprimant sa reconnaissance aux hôtes des Premières Nations qui ont accueilli tous les participants sur leurs territoires, a mis en lumière les avancées du Canada sur de nouvelles AMP annoncées à l’IMPAC5 : de nouvelles aires de conservation nationales de politique fédérale ; la démarche du Canada vers une conservation de 25% des zones marines et côtières d’ici 2025; et les nouvelles directives pour appliquer des normes de protection minimales dans les nouvelles AMP fédérales.

Bruno Oberle, de l’UICN, a expliqué que l’IMPAC5 était le premier rassemblement international depuis l’adoption du Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal, et qu’il a été l’occasion d’examiner « une mer » d›engagements sur la conservation océanique avec différentes parties prenantes, et de reconnaître et de soutenir les gardiens de l›océan.

Joyce Murray, Ministre de la pêche, des océans et de la garde côtière canadienne, a annoncé la création d’une « pagaie magique », faite de cèdre et de coquilles d’ormeau, par Gerry Sheena de la nation Salish de l’intérieur, baptisée « The Journey », sur laquelle ont été gravés les noms de tous les hôtes de l’IMPAC. Elle a ensuite annoncé que le Sénégal accueillera l ‘IMPAC6. 

Brett Sparrow, de la nation xʷməθkʷəy̓əm Musqueam, a remercié les participants d’avoir écouté et appris au sujet de leur pays. Sxwíxwtn Wilson Williams, de la Nation Squamish Sḵwx̱wú7mesh Úxwumixw, a rappelé aux participants qu’en passant la pagaie au Sénégal, « nous nous préparons à une traversée plus intense pour protéger 30% de l’océan ». Il a invité les participants à ramener « le signal de fumée » chez eux, avec ce qu’ils ont vu et appris.

Charlene Aleck, de la Nation səlilwətaɬ Tsleil-Waututh, a chanté une chanson appelant ses ancêtres à accompagner les participants dans leur retour chez eux. Elle a invité chacun à « rendre visite à l’eau, à toucher l’eau et laisser une partie de votre bon travail avec elle, et ramener une partie de sa force à la maison avec vous ». La rencontre s’est terminée par un spectacle de danse traditionnelle des Premières Nations.

Dans les couloirs

Cloy-e- iss Judith Sayers a expliqué ce mercredi que sa culture n’a pas de terme pour traduire « conservation » ou « durabilité » parce que ces concepts sont déjà encapsulés dans la culture et la langue nuu-chah-nulth, et reflètent la façon dont ils vivent avec l’océan et la nature – hishuk’ish tsawalk, qui signifie « tout est un, tout est lié ». L’oncle Sol, qui a offert la sincérité de ses chansons dans de nombreuses salles de réunion, a dit que les peuples autochtones cherchent actuellement à être inclus dans la prise de décisions au sein des processus intergouvernementaux, mais a souligné qu’ils étaient déjà impliqués dans la prise de décisions concernant la planète bien avant que les gouvernants du monde ne s’en attribuent eux-mêmes le pouvoir. Les participants ont entendu parler du respect des diverses cultures, connaissances et langues à travers le monde, mais il faut reconnaître l’existence du problème des parcs de papier [qui génèrent] du respect sur le papier. La détermination de Titouan Bernicot à restaurer les récifs coralliens malgré son manque de diplômes universitaires, qui a souvent servi de prétexte pour l’exclure, et le combat d’Asha de Vos contre les structures coloniales établies en faveur de projets réussis de gestion de la conservation, soulignent la présence continue de « gardiens » dans la recherche, la conservation et les processus décisionnels. Alors que les participants se préparaient à rentrer chez eux, l’un des messages du Congrès était clair : « hishuk’ish tsawalk » et œuvrer pour insuffler une plus grande équité dans la conservation des océans.

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