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Daily report for 7 February 2023

5th International Marine Protected Areas Congress (IMPAC5)

L’avant-dernier jour de l’IMPAC5, les participants ont été invités à réfléchir à l’impact du Congrès et aux moyens de préserver son discours pour la continuité des avancées en matière de préservation des océans et des efforts de conservation équitables dans les années à venir. Sean Russell, du Comité des jeunes professionnels de l’IMPAC5, a souhaité la bienvenue aux participants et a présenté le thème de la journée : les liens entre l’océan, la culture et le bien-être humain. Il a invité les participants à signer l’Appel à l’action des jeunes de l’IMPAC5.

Hinano Teavai-Murphy, de la Tetiaroa Society, a partagé des histoires personnelles sur sa relation avec son île et l’océan, en évoquant des traditions orales tahitiennes qui mettent en évidence les liens entre l’océan, sa culture et le bien-être de sa communauté. Dans un appel vibrant, elle a dit que  « l’océan n’est pas une barrière, il nous relie, c’est notre maison », et a parlé de l’importance de protéger l’océan des dommages pour le bien des générations futures.

Peter Thomson, Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies pour l’océan, a souligné que le cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal, adopté en 2022, « est l’accord universel le plus important que nous ayons ». Soulignant que 20 % de l’oxygène est produit dans l’océan, il a affirmé qu’il ne peut y avoir de planète saine sans un océan sain, et a signalé que la santé de celui-ci est en déclin.

Aminath Shauna, Ministre de l’environnement, des changements climatiques et de la technologie, Maldives, a décrit son pays comme un grand État océanique, au lieu d’un petit pays insulaire. Elle a fait observer que les 110 îles dispersées sur 19 atolls dans l’océan Indien existent grâce aux récifs coralliens, qui fournissent protection, nourriture et subsistance.

Comment les récifs classés au patrimoine mondial permettent aux communautés de s’adapter aux changements climatiques

Fanny Douvere, du Programme marin du patrimoine mondial de l’UNESCO, a parlé de l’incroyable défi posé par l’objectif 30x30, qui implique pratiquement de tripler les AMP actuelles au cours des sept prochaines années. Theresa Fyffe, de la Great Barrier Reef Foundation, a expliqué l’Initiative récifs résilients menée dans les AMP du Belize, des Palaos, de la Nouvelle-Calédonie et de l’Australie, en soulignant qu’elle s’appuie sur les priorités et les contextes locaux.

Amélie Séchaud, de l’Agence de Nouvelle-Calédonie pour la biodiversité, a évoqué la stratégie de résilience du site du patrimoine mondial des Lagons de Nouvelle-Calédonie. Elle a noté que l’approche de gestion participative n’est pas nouvelle, mais au contraire « quelque chose de bien en place » dans son pays, même si des défis subsistent.

Chantalle Samuels, de l’Autorité et Institut de gestion des zones côtières, a présenté l’intégration de stratégies de gestion basées sur la résilience dans le site du patrimoine mondial du Belize en tirant parti de l’engagement communautaire, et a décrit une stratégie phare avec trois actions clés : favoriser la diversité des moyens de subsistance, la protection et la restauration des écosystèmes, et l’amélioration de la gestion des bassins versants.

Le rôle des AMP dans l’atténuation des changements climatiques

Inti Kith, de la Fondation Charles Darwin, a évoqué les menaces posées par les espèces exotiques envahissantes dans l’AMP des Galapagos, et l’utilisation de plaques de peuplement pour évaluer l’étendue des bio-invasions marines.

Shona Murray, de l’Université d’Australie-Occidentale, a présenté ses conclusions sur la manière dont les AMP peuvent être améliorées pour les requins océaniques.

Joachim Claudet, du Centre national de la recherche scientifique, a exploré les démarches écologiques et sociales favorables à la résilience des écosystèmes aux changements climatiques.

Une approche « Orque-estrée » pour soutenir les efforts de rétablissement des épaulards résidents du Sud sur la côte de la Colombie-Britannique

Jennifer Takimishyn, de la Réserve de Parc national Pacific Rim, a parlé des collaborations avec les Premières Nations pour une gestion au sein de la réserve afin d’améliorer la protection des groupes d’orques résidentes – dites kakawin.

SUMÉ,t David Dick, du Conseil de direction de W̱SÁNEĆ, a rappelé au public Tahlequah, l’orque qui a porté son veau mort-né pendant 17 jours, en affirmant qu’elle a fait cela pour nous rappeler le mal que nous faisons à l’océan.

Martin Wayne, de la Saturna Island Marine Research & Education Society, a parlé d’un réseau scientifique citoyen composé d’observateurs basés à terre pour surveiller et signaler les mouvements des baleines et des navires dans la région. Tout en soulignant que les sanctuaires sont essentiels, il a noté qu’ils ne fonctionnent pas comme prévu.

Jessica Scott, de Ocean Wise, a commencé sa présentation en illustrant l’impact que les navires ont sur la communication et la vie des baleines. Elle a ensuite parlé du système d’alerte Whale Report destiné aux marins et qui vise à réduire les collisions avec les navires et les perturbations dans la région.

Les discussions ont porté sur l’importance de la limitation de vitesse à 10 nœuds pour les navires, afin de réduire leur impact sur la vie marine, et sur l’importance de construire des réseaux de communication internationaux.

Les jeunes en appellent aux jeunes

Joseph Mcleod, de Parcs Canada, a souligné que « leadership » signifie « aller à l’encontre du statu quo » et aider à recueillir les connaissances d’autrui. Il a demandé aux intervenants de réfléchir à plusieurs questions : concernant l’autonomisation des jeunes dans les organisations, Frankie Marquez, de Ocean Wise, a décrit la façon dont son organisation crée des opportunités, comme permettre la représentation au conseil d’administration ; sur l’embauche de jeunes, Jason Barron, de Nature Canada, a expliqué qu’aucune compétence particulière n’était nécessaire pour postuler en tant que jeune et s’est concentré sur la création de telles opportunités ; Jenn Stevens,  de Learning for Sustainable Futures, a souligné l’importance de créer des opportunités dans le système scolaire.

Joshua Komangapik, de Students on Ice, a évoqué l’importance d’ouvrir des espaces où les jeunes puissent contribuer de manière culturellement pertinente. Carter McNelly, du Réseau canadien pour l’éducation océanique, a souligné l’importance d’une relation de travail qui ne donne pas le sentiment d’être transactionnelle.

La moitié oubliée de notre planète

Sylvia Earle, exploratrice pour National Geographic, a réfléchi à tout ce que nous ignorons encore concernant la haute mer et les grands fonds. Notant les « profondeurs » de notre ignorance, elle a déclaré: « Plus nous approfondissons, moins nous en savons ». Elle a appelé à créer des AMP en haute mer et autour de l’Antarctique, et à garder à l’esprit que protéger 30 % de la planète ne résoudra pas tous les problèmes.

Sheena Talma, exploratrice pour National Geographic, a parlé de ses recherches sur la zone de gestion conjointe entre les Seychelles et Maurice. Elle a encouragé les pays à parachever les négociations sur la biodiversité au-delà de la juridiction nationale et a plaidé pour une gestion collégiale des fonds marins et de la colonne d’eau.

Cassandra Brooks, de l’Université du Colorado à Boulder, a parlé de cheminement pour la création de l’AMP de la mer de Ross, qui est la plus grande du monde. Nichola Clark, The Pew Charitable Trusts, a réfléchi à la nécessité d’un traité sur la haute mer, en signalant: plusieurs lacunes en matière de gouvernance; de nombreuses institutions avec des degrés divers de réussite et une coordination inefficace ; aucune obligation à l’échelle globale de mener des évaluations d’impact environnemental ; et aucun mécanisme pour établir des AMP en haute mer.

Samuel Georgian, du Marine Conservation Institute, a parlé de deux zones de conservation prioritaires en haute mer et de leur importance, les crêtes de Salas y Gómez et de Nazca, et les monts sous-marins de l’Empereur.

Genre et conservation marine

Mez Baker-Medard, du Middlebury College, a présenté ses travaux sur la participation des femmes à la pêche artisanale à Madagascar. Elle a souligné un faible niveau de participation des femmes à la prise de décision sur les AMP et a fait état d’une réduction, parfois importante, du nombre de femmes pêchant dans les aires protégées.

Vatosoa Rakotondrazafy, du Réseau MIHARI, a parlé de son travail de représentation et de défense des droits des pêcheurs artisanaux à Madagascar, en soulignant l’absence des femmes dans ses forums et processus décisionnels.

Marianne Randriamihaja, du Programme pour le leadership des femmes pêcheures - Madagascar, a parlé des efforts déployés pour accroître la présence et la visibilité des femmes dans la pêche. Elle a fait valoir que les efforts visant à accroître la présence des femmes dans la pêche doivent être considérés comme un mouvement, pas seulement comme un projet.

Ivonne Juarez-Serna, du Middlebury College, a présenté le travail avec les orateurs précédents, soulignant que : la conscience de genre suppose un accès inclusif et plus visible ; que le travail doit s’enraciner dans les connaissances locales ; et que le rôle des hommes en tant qu’alliés doit être pris en compte dans les stratégies de résistance et de résilience.

Connecter les communautés à la conservation

Marie Hascoët, de l’Agence française pour la biodiversité, a évoqué les travaux au sein du Parc naturel marin de l’Iroise dans l’archipel de Molène pour mettre en valeur les sites de pêche de l’âge de bronze. Hannah Bregulla, du Conseil de la Nation Haïda, a présenté le programme d’études SG̲aan Ḏinghlas - Bowie Seamount, qui cherchait à encourager les étudiants haïdas dans la domaine de l’intendance en ancrant les activités dans une approche à double perspective basée sur le lieu, qui intègre les valeurs et la langue haïdas, et dans laquelle les connaissances du peuple haïda et la science occidentale coexistent et sont valorisées sur un pied d’égalité. Mia Strand, de l’Université Nelson Mandela, a relevé le manque de connaissances sur le patrimoine culturel marin et l’absence de connaissances locales dans la gouvernance des AMP sud-africaines, en affirmant que cela réduit au silence les connaissances et les relations des communautés autochtones et locales avec l’océan.

Ilena Zanella, de Misión Tiburón, a présenté son travail à Golfo Dulce dans la zone marine de Cocos, au large des côtes du Costa Rica, visant à engager les communautés côtières dans la conservation des océans afin d’améliorer la protection des zones humides qui servent de zone de reproduction au requin marteau, en danger critique d’extinction.

Frédéric Fasquel, de l’Agence française pour la biodiversité, a évoqué le programme « Espace marin pédagogique » qui implique des élèves de 9 à 15 ans en leur confiant la gestion d’une partie du littoral proche de leur école.

Relever les défis de la gestion des AMP

Stephen Ban, du ministère de l’environnement de la Colombie-Britannique, a parlé de la mise en œuvre des AMP dans le système des parcs de la Colombie-Britannique. Il a mentionné que le règlement sur les AMP dans la province n’empêche pas nécessairement les activités récréatives et de récolte, et a souligné que les Premières Nations ont des pouvoirs similaires aux gouvernements provinciaux et locaux sur les terres visées par un traité. Anne Cadoret, de l’Université d’Aix-Marseille, et Jean-Eudes Beuret, de l’Institut Agro de Rennes, ont partagé leurs recherches sur un modèle générique d’AMP basé sur une analyse comparative de 13 AMP. Ils ont souligné que souvent l’opposition aux AMP n’est pas contre la conservation en soi, mais plutôt contre le modèle de conception et de mise en œuvre.

Veronica Relano, de l’Université de la Colombie-Britannique, a présenté l’étude de cas de l’AMP de San Antonio et a réfléchi aux conséquences sociales, économiques et écologiques qui sous-tendent la gestion de cette AMP.

Deuil écologique : les jeunes professionnels utilisent un changement transformateur pour construire un avenir meilleur

Hali Moreland, de Parcs Canada, a animé la séance, qui a donné la parole à Noémie Roy, du Secrétariat de l’IMPAC5; à Carter McNelly, de Parcs Canada; à Caleigh Delle Palme, de Parcs Canada; à Nadia Dalili, de  Parc marin du Saguenay–Saint-Laurent ; à Elizabeth Melis, du GREMM; et à Emily Wells, de Parcs Canada, pour partager leurs expériences de chagrin écologique, d’anxiété écologique, de solastalgie (la détresse causée par la transformation et la dégradation de son environnement familial), et pour échanger sur les leçons tirées de l’apprentissage et l’auto-examen transformateur, en utilisant des stratégies d’adaptation, comme la méditation, la photographie, l’activisme et l’engagement communautaire. La session a notamment été marquée par un moment où les participants ont été invités à se connecter avec un objet de la nature par la méditation, créant une expérience de liaison qui a conduit à une discussion de groupe avec les participants sur leurs propres expériences avec des problèmes liés au deuil écologique. 

Dans les couloirs

« Quels exemples sommes nous en train de donner ? Qu’allons-nous tirer de ce Congrès ?

Tout au long de la session plénière de l’avant-dernier jour de l’IMPAC5, le public a été invité à réfléchir sur l’héritage du Congrès et sur la façon dont ses participants peuvent garantir que les discussions de ces derniers jours continueront de guider une action significative pour la protection de l’océan, et d’assurer l’équité dans les actions de conservation pour les années à venir. Cela suppose, comme l’ont rappelé lundi les discours d’ouverture de Dalee Sambo Dorough et de Asha de Vos, de veiller non seulement à ce que les communautés en première ligne soient les bienvenues dans la prise de décisions de haut niveau, mais aussi à ce que les dirigeants politiques et les scientifiques écoutent humblement leurs histoires et connaissances, afin de mieux appréhender les réalités du terrain ; cela suppose aussi d’accomplir le transfert de pouvoir nécessaire pour préserver l’autonomie et le leadership local en matière de conservation marine.

Dans une perspective du global vers le local, Aminath Shauna a mis en exergue la responsabilité des émetteurs du point de vue de la justice climatique tout en soulignant les transitions nécessaires chez chacun, et a estimé que ce congrès offre une occasion unique de se saisir des solutions et des leçons apprises dans le monde entier.

Tout aussi poignant était le discours passionné de Hinano Teavai-Murphy, au cours duquel elle a demandé aux participants : « Qui sommes-nous ? Qu’est-ce que l’océan pour nous ? Qu’enseignons-nous à nos enfants ? ». Parlant de son enseignement culturel qui relie la langue, l’océan et le bien-être des communautés, elle a rappelé à tous que « l’océan nous relie, c’est notre maison ». Pour le bien de cette maison et pour l’avenir de tous, elle a appelé chacun « à prendre position, pour nos enfants et les enfants de nos enfants » ; un touchant appel aux armes qui cherchait à pousser les participants à orienter leurs recherches et leur travail de plaidoyer vers résultats de conservation pour l’océan.

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