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Cette séance était axée sur l'innovation dans l'agriculture intelligente face au climat et a été ouverte par Michael Hailu, directeur du CTA. Il a déploré le fait que l'agriculture ne figure pas en bonne place dans les négociations de la COP 21, mais a signalé que plus de 60% des pays ont bien mentionné l'agriculture dans leurs INDCs, et que cela est prometteur. Le défi, a-t-il précisé, consiste à déterminer les types d'innovations qui contribueront à la création et à l'intensification d'une agriculture résiliente au changement climatique en Afrique.
James Kinyangi, chef de programme régional, CCAFS, a indiqué que l'agriculture en Afrique doit être entièrement transformée. Au moment de proposer une solution agricole au changement climatique, a-t-il dit, il est essentiel de se méfier de la déforestation concomitante qui vient mettre de nouvelles terres en production. En tant qu'entreprise à risque, a-t-il précisé, l'agriculture présente des défis énormes pour les centaines de millions de petits exploitants agricoles en Afrique. Il a signalé que différentes institutions préconisent des approches contradictoires, par exemple, le PNUD préfère une approche agro-écologique tandis que le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) plaide en faveur d'une approche fondée sur l'écosystème.
Aida Diongue Niang, directrice de l'Agence nationale de l'aviation civile et de la météorologie, Sénégal, a axé ses remarques sur le lien étroit entre la productivité agricole et la météorologie. Au Sénégal, a-t-elle indiqué, bien que l'agriculture emploie 60% de la population du pays, elle ne dispose que d'une très courte saison des pluies. Elle a affiché des graphiques montrant une grande variation interannuelle de la pluviométrie au Sénégal, entre 2013 à 2015, et a souligné la difficulté que cela représente pour les agriculteurs. Pour la résolution du ce problème, elle a parlé de la mise en œuvre, à l'échelle locale, de prévisions météorologiques saisonnières qui fournissent des informations sur les cultures adéquates à semer. Elle a présenté, en outre, un système "de prompt ajustement" qui informe les agriculteurs des événements météorologiques imminents par message textuel et a énuméré les précautions à prendre en ce qui concerne le bétail et les cultures.
Delali Kofi Nutuskpo, représentant, Conseil pour la recherche scientifique et industrielle, se concentrant sur le cas du Ghana, a parlé de la nécessité d'une plus grande participation des parties prenantes dans l'élaboration des politiques agricoles afin de cibler les investissements. Il a affirmé que les systèmes décentralisés sont cruciaux en ce qu'ils contribuent à l'allocation des responsabilités en fonction des priorités des niveaux local, régional ou national du système.
Achiba Gargule, directeur général, Agence de l'élevage, de l'information et du développement, a commencé par souligner l'importance de l'élevage pour les agriculteurs, signalant que la sécheresse est le risque le plus répandu pour la production de l'élevage en Afrique de l'Est. Il a parlé de l'assurance indicielle, qui est une alternative à l'assurance traditionnelle, en ce qu'elle offre une sécurité lorsque les pluies ne viennent pas. Lorsqu'une sécheresse frappe une zone pastorale, a-t-il souligné, la première chose que font les agriculteurs est de vendre leur bétail immédiatement, conduisant l'ensemble au marché. L'assurance indicielle réduit ce type de "vente en détresse" de 36%, a-t-il affirmé, et réduit également la probabilité que les familles mangeront moins pendant une sécheresse.
Oladimeji Oladele, professeur de vulgarisation agricole, Université du Nord-Ouest, a présenté un exposé sur l'importance de l'élaboration "d'outils météo-agricoles", citant le cas de projets pilotes menés en Ethiopie et au Kenya. Ces outils, a-t-il précisé, sont basés sur un système d'aide à la prise de décision, qui combine les données historiques avec des données géo-référencées pour prédire la distribution, l'intensité et la disponibilité des précipitations. Parce que le taux d'abonnement de téléphone est en hausse, a-t-il dit, l'information est livrée par SMS et est à la fois normative et de conseil, signalant aux agriculteurs les mesures à prendre sur une période de prévision météorologique de 10 jours. Il a souligné que le projet intègre naturellement les vendeurs d'intrants agricoles, car il représente pour eux un nouveau moyen de commercialiser leurs produits de manière ciblée, qui donne des résultats positifs aux agriculteurs.
Isabelle Coche, vice-présidente Stratégie, Ag. Emergente Inc., a déclaré que le secteur privé peut apporter des connaissances, des solutions, des outils et des technologies, mais qu'il est limité lorsque les gouvernements ne disposent pas de cadres réglementaires solides pour aider à assortir l'offre de solutions à la demande.
Bernard Rey, directeur général de la coopération internationale pour le développement, CE, a reconnu la nécessité d'investir davantage dans l'agriculture pour nourrir le monde et a indiqué qu'il y a nécessité de traiter la question des risques et que les biens publics doivent être protégés lors de l'accroissement des investissements. Il a souligné quatre grands objectifs à poursuivre, y compris: l'élimination de la malnutrition, la transformation de l'agriculture en un moteur de croissance des moyens de subsistance, l'autonomisation des agriculteurs à gérer leurs paysages et écosystèmes, et le renforcement de la résilience aux crises alimentaires au sein des communautés agricoles. | |